Un individu agresse un policier avec un marteau sur le parvis de Notre-Dame

Le secteur de la cathédrale Notre Dame de Paris (IVe arrondissement de la capitale) est actuellement quadrillé par les forces de l'ordre. Un policier a été agressé au marteau par un individu, cette après-midi vers 16h10 (heure française).

Selon la Préfecture de police, un homme munit d'un marteau a attaqué et blessé un policier à la tête. L'individu a été aussitôt maîtrisé par un autre policier. Ce dernier a fait usage de son arme. Blessé aux jambes, l'assaillant a été transporté à l’hôpital pour être soigné et interrogé. Le fonctionnaire de police a également été pris en charge par les secours. Aucune information n'a pour l'instant été transmises sur son pronostic vital.

Pres de 900 touristes sont confinés à l'intérieur de l'édifice religieux, en attendant leur évacuation. Des photos ont rapidement été postées sur les réseaux sociaux.

Par mesure de sécurité, un périmètre de sécurité a été mis en place et plusieurs stations de métro se trouvant à proximité du lieu ont été fermées. Les stations concernées sont Saint-Michel et Cité, sur la ligne 4, et Cluny, sur la ligne 10.

https://twitter.com/veo_live/status/872117407841648640

"Notre pays comme beaucoup d'autres pays européens sont victimes d'une menace terroriste où au nom d'une idéologie criminelle on s'en prend au force de l’ordre" a déclaré Gérard Collomb, ministre de l’intérieur, quelques minutes après l'attaque. "C’était quelqu’un qui se présentait comme un étudiant algérien, d'une quarantaine d’année, muni d'une carte dont nous devront verrier l'authenticité".

Face à la multiplication des actes terroristes ces derniers jours (en France et en Angleterre) Gérard Collomb souligne "qu'on est passé d’un terrorisme très sophistiqué à un terrorisme où n’importe quel outil peut servir d'agression".

La section antiterroriste du parquet de Paris a ouvert une enquête, confiée à la section antiterroriste de la brigade criminelle et à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Le ministre de l’Intérieur affirme que l'assaillant aurait crié "C'est pour la Syrie", au moment de porter les coups au policier.

Yelen BONHOMME-ALLARD

Un ancien employé tue 5 personnes avant de se suicider

Un homme âgé de 45 ans, s'est donné la mort ce matin dans les locaux d'une entreprise d'Orlando, après avoir tué cinq employés. Sept autres, également présents sur les lieux, ont survécu à l'attaque. Aucun rapprochement avec l'État Islamique n'a été envisagé.

Peu avant 8h00 ce matin (heure locale), la police d'Orlando a reçu un appel en provenance de la compagnie Fiamma, spécialisée dans la conception d'accessoires pour camping-car. Un ancien employé, licencié en avril dernier, est revenu dans les locaux de la société pour laquelle il travaillait. Muni d'un pistolet, il a ouvert le feu tuant cinq personnes, avant de retourner l'arme contre lui. À l'arrivée des secours, les corps de trois hommes et une femme ont été découverts sans vie. Une cinquième victime est décédée à l'hôpital des suites de ses blessures.

Âgé de 45 ans, l'identité du tireur n'a pas, pour le moment, été révélée. Les autorités n'envisagent aucun lien avec un groupe terroriste. Ce geste "ressemble vraisemblablement à un épisode de violence au travail", expliquait Jerry Demmings, shérif du comté d'Orange, en Floride. "C'était un ancien employé mécontent qui est revenu dans l'entreprise ce matin".

En 2014, les forces de l'ordre étaient déjà intervenues sur place car l'auteur de la fusillade avait frappé un autre employé. À l'époque, aucune charge n'avait été retenue à son encontre. Le tireur n'avait à son casier judiciaire que des petites condamnations pour possession de marijuana et délits de violence.

Un an auparavant, Orlando avait été la cible d'une attaque terroriste, revendiquée par l'État Islamique. La tragédie a eu lieu au sein d'une boîte de nuit homosexuelle, faisant état de 49 morts et de plusieurs dizaines de blessés.

Yelen BONHOMME-ALLARD

"Make our planet great again" : Emmanuel Macron met la toile à ses pieds

A la suite de l'annonce de Donald Trump jeudi 1er juin, quant au retrait des États-Unis de l'Accord de Paris sur le climat, Emmanuel Macron a réagit en français puis en anglais dans une vidéo. Publiée en direct sur les réseaux sociaux, celle-ci marquera sans doute le quinquennat du président de la République.

Moins de 24h après sa diffusion, la vidéo a deja fait le tour du monde. Aimée près de 100 000 fois et retweetée 41 000 fois, la citation "Make America great again", détournée pour l'occasion en "Make our planet great again" est devenue virale. L'ironie de cette punchline à peine masquée, en référence à la campagne présidentielle de Donald Trump, a suscité de nombreuses réactions sur la toile. #makeourplanetgreatagain est devenu l'un des hashtags le plus utilisé sur le réseau social Twitter.

Une photo du slogan, postée sur le compte officiel du président français, a elle aussi été reprise par les internautes. Un peu moins de 200 000 fois pout être exact. En ponctuant son allocution de la sorte, Emmanuel Macron s'assure un tour de force diplomatique, mais affirme également sa volonté de s'imposer sur la sphère internationale.

Ce coup de communication est un réel coup de projecteur. En position de leader, Emmanuel Macron, s'adresse directement, dans la langue de Shakespeare et sans y être invité par la Maison Blanche, aux entreprises américaines. Un geste inédit défiant ouvertement le président américain.

Yelen BONHOMME-ALLARD

Suite à la décision de Trump, les entreprises américaines maintiennent leur opposition

Le président Donald Trump a tenu sa promesse en se retirant de l'accord de Paris.

Le président Donald Trump a tenu sa promesse en se retirant de l'accord de Paris.

Apple, Facebook, Google, Microsoft ou encore Levi Strauss & Co, sont plus que jamais impliqués dans cette campagne pour le climat. Sauver la planète est devenue une priorité, au nez et à la barbe de Donald Trump.

A travers le New York Times, 25 multinationales américaines apostrophent le président des Etats-Unis. Intitulée “Cher Président Trump”, cette requête vise à maintenir le pays dans l’Accord de Paris sur le changement climatique. Loin d'être une coïncidence, cette publication, dont la longueur occupe une page complète du journal, intervient le jour de l'annonce du retrait éventuel.

Selon ces entreprises, l'accord garantirait  "un effort mondial plus équilibré, réduisant le risque de déséquilibres concurrentiels pour les entreprises américaines." Il permettrait par ailleurs de générer "des emplois et la croissance économique. Les entreprises américaines sont bien placées pour diriger ces marchés. Le retrait de l'accord limitera leur accès et pourrait nous exposer à des mesures de rétorsion." Enfin, elles affirment que "l'accord réduira les impacts climatiques futurs, y compris les dommages aux installations et aux activités commerciales, la baisse de la productivité agricole et l'approvisionnement en eau ainsi que la perturbation des chaînes d'approvisionnement mondiales."

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Article extrait du New York Times, en date du 1er juin 2017.

Cette prise de position de la part des sociétés n’est pas sans précédent. Le 8 novembre 2015, plus de 350 d’entre elles, pour la plupart américaines, avaient signé une lettre publique incitant le président Donald Trump à maintenir l’Accord de Paris. Ce document a été rédigé en marge de la conférence sur le climat de l’ONU (COP22), qui se tenait à Marrakech. L'objectif de cette réunion étant à terme de réduire la hausse du réchauffement climatique en deçà de la barre des 2 degrés d’ici 2100.

Une mobilisation mise à mal

En dépit d'une mobilisation nationale puis internationale, Donald Trump a annoncé publiquement ce jeudi 1er juin, qu’il retirait son pays de la lutte contre le réchauffement climatique. Les Etats-Unis comptaient parmi les 195 pays signataires de l'Accord, approuvé le 12 décembre 2015, mais mis en place le 4 novembre 2016.

Face à cette sortie, le pays se confronte à un dilemme : patienter trois ans à compter de son entrée en vigueur (le 4 novembre 2016), puis respecter un préavis d'un an, comme le prévoit l'article 28 du document. Cela implique donc que les Etats-Unis pourront en sortir en novembre 2020, c'est-à-dire au moment de la prochaine élection présidentielle. Toutefois, un pays peut aussi faire le choix de dénoncer non pas l'accord lui-même mais la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques dont est issu l'Accord de Paris. Dans ce cas, seul un an de préavis est nécessaire au lancement du processus.

Les Etats-Unis rejoignent désormais le banc des accusés : la Syrie et le Nicaragua, les deux seuls pays reconnus par l'ONU ayant refusés de signer l'Accord de Paris.

Yelen BONHOMME-ALLARD

Renvoi du directeur du FBI : récit d'une folle semaine

Le 9 mai dernier, James Comey, directeur du FBI, a appris qu'il était renvoyé. Quelques minutes plus tard, la toile et les médias américains s'enflammaient. Et pour cause : Donald Trump est seulement le deuxième président américain à limoger un directeur du très puissant Federal Bureau of Investigation.

Nommé par Barack Obama

James Comey avait été nommé à la tête du FBI en septembre 2013 par Barack Obama. Il avait fait parler de lui en octobre 2016 lorsqu'il avait pris la décision de réouvrir l'enquête sur les mails d'Hillary Clinton quand elle était secrétaire d'Etat, à quelques semaines de l'élection présidentielle américaine. Comey décide finalement de fermer l'enquête une semaine plus tard, en réaffirmant les conclusions publiées en juillet.

Cette affaire n'a pas été sans conséquence pour l'ancien directeur, qui s'est vu accusé de politiser le FBI. Par ailleurs, lors de la victoire de Donald Trump en novembre, nombreux sont les démocrates qui se sont empressés de le tenir responsable de la défaite de la candidate. 

Renvoi brutal 

Mardi 9 mai, à la surprise générale, Donald Trump a remercié James Comey qui, étant en déplacement, a appris la nouvelle... en regardant la télévision. Ce dernier a d'ailleurs d'abord cru à une fausse rumeur.

Très vite, la question des motivations de cette décision s'est posée. Le fait que James Comey soit en charge de l'enquête sur les possibles liens entre les élections américaines, le président américain et la Russie n'a pas échappé à beaucoup d'américains, y voyant là un motif de mécontentement tout trouvé pour le président. C'est alors que le cycle infernal des déclarations et contre-déclarations s'est enclenché. 

Contradictions à la Maison Blanche

La Maison Blanche a d'abord déclaré que le président américain avait suivi les recommandations de Jeff Sessions et Rod Rosenstein, respectivement procureur général et procureur général adjoint. Kellyanne Conway, conseillère de Donald Trump, a affirmé la même chose. Le mémo de Rosenstein met en cause la manière dont le directeur du FBI a géré "la conclusion de l'enquête sur les mails" d'Hillary Clinton. 

Sarah Huckabee Sanders tient une conférence de presse. Mercredi 10 mai 2017. CNN.

Sarah Huckabee Sanders tient une conférence de presse. Mercredi 10 mai 2017. CNN.

Le 10 mai, Sarah Huckabee Sanders, porte-parole adjointe, déclare cependant que Donald Trump, ainsi qu'une grande partie du FBI, n'avait plus en confiance en James Comey. Le même jour, le président américain confie en effet penser que le directeur "ne faisait pas du bon travail", et admet, le lendemain, qu'il l'aurait limogé "peu importe les recommandations".

Entendu par le Sénat jeudi 11 mai, McCabe, directeur par intérim du FBI, a contredit les allégations de Sanders. Selon lui, Comey était respecté et bénéficiait "du soutien de ses collègues".

Andrew McCabe, directeur du FBI par intérim, est entendu par le Sénat. 11 mai 2017. LA Times.

Andrew McCabe, directeur du FBI par intérim, est entendu par le Sénat. 11 mai 2017. LA Times.

Etouffer l'enquête sur la Russie?

Beaucoup de contradictions, donc, qui laissent penser que Donald Trump aurait voulu empêcher l'ancien directeur d'enquêter sur les interférences russes durant l'élection présidentielle américaine. Le président a raconté jeudi que James Comey lui avait confié à trois reprises qu'il n'était pas personnellement visé par une investigation du FBI. À ce qui ressemble à de l'ingérence de la part du président, McCabe répond seulement que ce n'est pas "dans les pratiques du FBI de notifier des personnes sous le coup d'une enquête". 

Le 11 mai au soir, le président américain a finalement admis que la question de la Russie était bien en jeu : «En fait quand je me suis décidé, je me suis dit: ‘le truc avec la Russie, Trump et la Russie, c’est une histoire inventée’», a-t-il déclaré à NBC News. Pour couronner le tout, ce dernier a tweeté ce qui semble être une menace envers Comey ce vendredi 12 mai : « James Comey ferait bien d’espérer qu’il n’existe pas d’'enregistrements' de nos conversations avant qu’il commence à faire des révélations à la presse ! ». 

Donald Trump va désormais devoir nommer un nouveau chef du FBI en tentant de contenter le plus grand nombre, alors que de nombreux parlementaires reprochent au président d'avoir voulu interférer dans les affaires judiciaires. Les démocrates réclament la nomination d'un procureur spécial et indépendant afin de se charger de l'enquête sur la Russie. Affaire à suivre.

 

Victoria David

La réforme santé de Trump en cinq points

Les membres de la Chambre des représentants ont voté jeudi 4 mai en faveur de la réforme de santé promise par Donald Trump afin de mettre fin à l'Obamacare. Retour sur ce que cette loi pourrait changer.

Après avoir retiré le texte quelques semaines plus tôt face à l'opposition de nombreux républicains, c'était l'épreuve du feu pour le président américain qui vient de fêter ces 100 jours à la Maison Blanche. Si la nouvelle version de la réforme a permis de susciter suffisamment d'adhésion, les délais dans lesquels elle a été votée n'ont pas laissé le temps au Bureau budgétaire du Congrès d'en analyser les implications financières.

Afin de multiplier leurs chances, les républicains ont choisi de passer par la "procédure de réconciliation", qui consiste à ne proposer que des mesures budgétaires. En théorie, la loi ne revient donc pas sur l'ensemble de l'Obamacare mais seulement sur les mesures implicant des dépenses. Cette procédure permettra aux sénateurs républicains de n'avoir besoin que d'une majorité simple de 51 voix pour adopter le texte, contre les 60 normalement requises pour outrepasser un filibuster de l'opposition.

    1. La fin du mandat individuel

Ce fut peut-être la mesure la plus importante, et probablement la plus décriée, de l'Obamacare. Le mandat individuel imposait aux américains de souscrire à une assurance santé, sous peine de pénalités.

Cette obligation est toujours présente dans le nouveau texte, mais ce dernier met fin à ces pénalités si critiquées. À la place, seule une surcharge de 30% sur un an menacerait les non-assurés - surcharge que l'assureur pourrait couvrir. Résultat, les personnes plus jeunes et en meilleure santé seraient bien moins nombreuses à souscrire à un contrat d'assurance.

On assisterait alors à ce que les experts appellent "une spirale de la mort": le nombre de personnes malades ou âgées représentant une plus grande proportion des assurés, les premiums augmenteraient. Le Bureau budgétaire du Congrès avait estimé que la version originale de la réforme laisserait quelques 24 millions d'américains sans assurance, qui viendraient s'ajouter à ceux qui le sont déjà.

    2. Diminution massive des subventions 

Le texte prévoie une baisse des subventions de 300 milliards de dollars sur dix ans. Ces aides visent les personnes dont l'employeur ne fournit pas d'assurance et qui se voient donc obligées de souscrire leur propre contrat. Cette baisse du financement, ajoutée à l'élimination de certaines taxes, jouerait, à termes, en la faveur des jeunes actifs alors qu'il nuirait aux séniors qui verraient leur premiums augmenter.

    3. Le poids des antécédents médicaux

Ce fut un des points de crispation majeurs de ces derniers jours, les Late Shows américains s'emparant même du sujet pour vivement s'y opposer. Jusqu'ici, et depuis l'Obamacare, les assureurs avaient interdiction de refuser de couvrir un client ou d'augmenter ses premiums à cause de ces antécédents médicaux.

Père d'un bébé malade, Jimmy Kimmel s'est vivement opposé à la réforme santé de Trump dans son late show, le 30 avril 2017

La "Trumpcare" veut mettre fin à cela. Les états seraient autorisés à fournir des dérogations aux assureurs qui souhaiteraient contourner ces interdictions. Facile alors d'imaginer les conséquences d'une telle mesure: les personnes présentant des problèmes ou antécédents médicaux seraient contraintes de payer davantage pour un même contrat. Conscients du tollé provoqué par cette décision, les parlementaires républicains proposent d'allouer huit milliards de dollars afin d'aider les patients à payer ce surplus.

    4. Coupes majeures dans le budget de la "Medicaid" 

Medicaid, c'est ce programme fédéral fournissant une couverture médicale aux plus pauvres et aux personnes handicapées. Près de 70 millions d'américains en bénéficient.

La réforme de santé adoptée hier par la Chambre des représentants propose de réduire de 880 milliards de dollars le budget du programme. Cette baisse majeure de revenus ferait que les américains ne pourraient plus rejoindre le programme jusqu'en 2020, date à laquelle un nouveau système devrait voir le jour. Cette mesure devrait provoquer une baisse de 14 millions de bénéficiaires, d'après l'analyse de la première version du texte.

    5. Retour à une couverture à géométrie variable

L' Obamacare avait imposé aux assurances de proposer une couverture minimale dans tous leurs contrats, de manière à ce que les américains puissent avoir la garantie d'un certain niveau de couverture, peu importent leurs revenus ou leurs antécédents. Cette réforme de santé laisserait les états libres de mettre fin à cette mesure. 

U.S. President Donald Trump attends a National Day of Prayer event at the Rose Garden of the White House in Washington D.C., U.S., May 4, 2017. REUTERS/Carlos Barria

Maintenant qu'il a passé la Chambre des représentants, le texte doit être voté par le Sénat, une tâche qui s'annonce difficile, malgré l'utilisation de la "procédure de réconciliation". Les républicains ne disposent en effet que d'une très courte majorité et ne peuvent se passer que de deux votes.

Alors que certains sénateurs ont déjà fait entendre leurs réticences sur les mesures votées hier, d'autres prévoient de réécrire la loi afin de trouver un compromis et mettre toutes les chances de leur côté. Les démocrates, plus nombreux au Sénat, promettent eux aussi de se mettre en travers de leur route par tous les moyens.

Financement du planning familial, couverture de la contraception, ouverture des marchés étatiques et fédéraux...pour en savoir plus sur le reste du texte, retrouvez l'analyse du Washington Post en questions-réponses.

 

Victoria David

[ Revue de presse ] Débat du deuxième tour: des attaques dignes de la présidentielle américaine ?

En octobre dernier, Politico qualifiait le deuxième débat présidentiel américain de débat "le plus atroce de l'histoire". Ce matin, la presse américaine se demande si la France a voulu marcher dans les pas de l'Oncle Sam.

Un débat vicieux, brutal et grossier 

"Le Pen et Macron s'affrontent lors d'un débat présidentiel vicieux". C'est le titre de l'article publié par le New York Times à la suite du débat d'hier.

Le prestigieux quotidien américain relève l'impression d'une dispute de salle de classe: "Elle l'a coupé et lui a dit de ne pas lui faire la leçon. Il a tristement secoué sa tête, elle a ri sarcastiquement". Politico, de son côté, déplore un débat "laid, long et grossier". 

Comme une impression de déjà-vu

Une ambiance qui n'est pas sans rappeler la virulence des débats politiques américains, comme le souligne le New York Times: "Le débat s'apparentait davantage à un festival d'insultes télévisé à l'américaine plutôt qu'à une discussion raisonnée du fond à laquelle les français sont habitués (...), laissant les modérateurs impuissants".

Cet impression amère de déjà-vu a également frappé d'autres médias, comme le Washington Post, pour qui "les insultes ont volé": 

"Malgré les enjeux, l'événement a rarement atteint le niveau de discussion précise des propositions qui caractérise habituellement le discours politique français. Dans un spectacle reflétant les interactions entre Donald Trump et Hillary Clinton durant la campagne électorale américaine à l'automne dernier, Macron et Le Pen se sont pris à la gorge." 

"Oeil pour oeil, dent pour dent" 

Le Wall Street Journal, quant à lui, souligne le fait que les deux candidats "se sont vite abaissés à une bataille oeil pour oeil, dent pour dent, durant laquelle ils ont lutté pour parvenir à se mettre K.O".  

Pour le New York Times, ce dernier affrontement était "une vive démonstration de deux visions de la France radicalement différentes entre lesquelles les électeurs auront à choisir dimanche". Politico, de son côté, note que, malgré son intensité, le débat "n'a que peu de chances d'influencer la décision des citoyens à quatre jours de l'élection".

Regarder le débat sans comprendre la langue... et en tirer (presque) les mêmes conclusions

Ryan Broderick, journaliste pour BuzzFeed à Paris, a tenté d'analyser le débat malgré son petit niveau de français. Il avait aussi regardé le débat à onze et en tire une première leçon: "ce n'est pas aussi drôle sans le grand-père gauchiste énervé et le communiste qui s'ennuie".

Tout comme le New York Times, Broderick a remarqué les gestes des candidats, qui sont peut-être le seul élément qui les démarque encore de leurs homologues américains.

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"C'est ça. La politique française en une photo", écrit Ryan Broderick pour Buzzfeed.

À part le fait que "Le Pen adore en faire des tonnes", il a remarqué Nathalie Saint-Cricq, et pense qu'elle devrait "être présidente": "elle maîtrise le truc comme une championne".

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À l'image de l'ensemble du débat, le journaliste note que sa fin a été "quelque peu floue". "Tout ce que je sais c'est que Macron a répété "Madame Le Pen" encore et encore alors que Le Pen lui a crié dessus pendant un bon moment", conclut-il.

Victoria David

 

 

 

13 Reasons Why, la série coup de poing

Encensée par les uns, dénoncée par les autres, la nouvelle production de Netflix ne laisse personne indifférent. Et pour cause, en prenant le sujet du suicide des ados à bras le corps, la série veut frapper fort.

Un phénomène international 

Produite par Selena Gomez, 13 Reasons Why raconte l'histoire d'Hannah Baker, ou plutôt, elle raconte sa mort. Hannah a mis fin à ses jours. Pour expliquer son geste, la jeune fille de 17 ans a enregistré sept cassettes audio, chacune adressée à une personne que l'adolescente estime responsable de son suicide. Des sujets sensibles, une narration originale et des personnages forts, Netflix semble avoir réussi le pari d'adapter le roman à succès de Jay Asher. 

Bande annonce française de la série. Netflix France. 

Mise en ligne il y a moins d'un mois sur la plateforme, la série a connu un succès fulgurant et suscité un débat international dès le début de sa diffusion. Les sujets abordés font écho à la vie quotidienne du téléspectateur, en grande partie adolescent. Harceleur ou victime, il est lui aussi probablement passé par là.

Réflexion autour du suicide chez les jeunes

Alors chaque épisode donne à réfléchir, notamment sur la portée de ses actions, quand on sait que le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les 15-24 ans - plus de 5000 adolescents tentent de se suicider chaque jour aux Etats-Unis. Les jeunes sont donc une cible de choix pour la série, qui semble parvenir à les toucher. De nombreuses associations, comme le souligne Le Monde, constatent ainsi que les appels sur leurs lignes d'écoute ont "doublé depuis le début de la série". 

13 REASONS WHY

La productrice de 13 Reasons Why, Selena Gomez, en compagnie de Katherine Langford (Hannah Baker) et Dylan Minnette (Clay Jensen). Netflix.

Conscients de la portée d'un tel thème, les acteurs essaient de faire entendre leur voix au-delà du petit écran, à l'image de l'actrice Alisha Boe - Jessica dans la série. Cette dernière a participé le 26 avril à un événement organisé par l'université de George Mason, en Virginie, en compagnie de l'ancien vice-président Joe Biden. Elle est intervenue sur le thème des agressions et du harcèlement sexuels sur les campus, dans le cadre des actions de l'université sur le sujet.

Outil pédagogique?

Le thème est important, universel, il parle aux jeunes, et ce, au-delà des frontières américaines. Si bien que chaque épisode a suscité de vastes débats sur les réseaux sociaux. En quelques jours, c'est une véritable communauté qui s'est créée autour de 13 Reasons Why, des centaines d'espaces de discussion voyant le jour sur la toile.

La série a été plutôt bien accueillie par les professionnels de l'éducation, certains y voyant même un outil pédagogique afin de sensibiliser les élèves au suicide et au harcèlement, fait remarquer Sud Ouest.

Une série très critiquée 

La production de Selena Gomez ne fait cependant pas l'unanimité. Accusée de mettre en scène, de glorifier le suicide ainsi que de culpabiliser les proches et les jeunes ayant des pensées suicidaires, 13 Reasons Why a dû faire face à de nombreuses critiques. À l'image de cette mère, interrogée par le New York Times, qui s'inquiète du fait que la série "glamourise" le suicide. 

Malgré ces déconvenues, la série peut se targuer d'un réel engouement, une saison deux devrait d'ailleurs voir le jour. 

Victoria David

 

La présidentielle française vue par les médias américains

Alors que l'échéance du premier tour approche, la presse américaine redouble de créativité pour tenter d'expliquer cette campagne à laquelle même les créateurs d'House of Cards n'aurait pas osé penser.

"N'élisez pas un autre Donald Trump".  Près de cinq mois après l'élection surprise de Donald Trump, c'est au tour de la France de voter, lors d'un scrutin dont les médias américains semblent avoir pris la mesure.

"Le futur politique du pays est encore complètement incertain" 

À chaque fois c'est la même chose. Le journaliste doit se livrer au périlleux exercice de la présentation des candidats. Périlleux, car il est difficile d'établir des parallèles entre les partis français et américains, et ce d'autant plus plus qu'on assiste à une recomposition majeure du paysage politique français. Alors on fait simple: Le Pen est d'extrême droite, Fillon conservateur, Macron "centriste radical" et indépendant, Hamon socialiste et Mélenchon d'extrême gauche. Jusque-là, ça va.

C'est quand il s'agit de pronostiquer les résultats que ça se complique. Telle une bonne série Netflix, les épisodes s'enchaînent avec chacun leur lot de surprises. "L'élection française est un spectacle d'horreur," titre ainsi Slate.com, quand le Washington Post souligne "l'humeur rebelle" des électeurs ainsi que leur indécision à quelques heures du premier tour.

Difficile d'expliquer à des lecteurs américains, habitués à un système bipartisan, que quatre candidats sont au coude à coude. Slate, dans un article estimant Macron comme la moins mauvaise des solutions, envisage "quatre scénarios, dont trois cauchemardesques". 

"Pourquoi la France compte?"

"Pourquoi la France compte?", c'est la question que pose le New York Times, pour tenter de susciter l'intérêt autour de nos élections. 
"67 millions d'habitants, la sixième plus grande économie du monde, un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU," égrène Aurélien Breeden. Le journaliste ajoute surtout que la France est "l'une des plus vieillies alliées des Etats-Unis". 

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Le New York Times consacre un long article à la présidentielle française le 7 mars 2017. Clémentine Boyer Duroselle.

En mettant l'élection française dans la ligne du Brexit et de la victoire de Donald Trump, les médias américains montrent ce qui est réellement en jeu dans cette élection: la confirmation, ou pas, d'une "résurgence anti-mondialiste".

 

Alors que le New York Times souligne à quelle point la politique étrangère de la France pourrait changer selon les résultats, le Time met en garde sur une sortie de la France de l'UE qui "dévasterait le bloc européen et affecterait les marchés financiers". Le Hollywood Reporter, de son côté, s'inquiète des conséquences d'une victoire de Le Pen sur les co-productions hollywoodiennes. 

Dans un article pour le New York Times, Kamel Daoud fait remarquer le "curieux déni" de la possible victoire de Marine Le Pen, qu'il qualifie d'une erreur "monstrueuse". "L'électeur français n'est peut-être pas si bon", écrit-il, dénonçant l'analyse "décalée" des autres candidats, persuadés que "l'élection de Mme Le Pen irait à contresens de l'histoire". Il dénonce un "positivisme politique", qui n'a pas vu que "Mme Le Pen a peu à peu levé les tabous et normalisé les propositions scandaleuses".

Albi, symbole d'une peur bien française

Le New York Times, qui s'est intéressé de près à la campagne présidentielle, a essayé de comprendre le succès des extrêmes à travers un prisme bien particulier, celui du "déclin des villes de province comme marqueur de l'identité" française. Pour "prendre la mesure de la décomposition en cours", le journaliste choisit Albi, à une heure de Toulouse. "Une enfilade de commerce fermés", une ville qui semble "abandonnée"...Adam Nossiter rend compte de cette tragédie française.

 

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Article du New York Times sur Albi, paru le 7 mars 2017. 

La cause de ce déclin? "Les Trente Glorieuses", selon lui. "C’est le paradoxe français: une nouvelle société de consommation a écorné “l’âme” française, ce qui a empiré, aujourd’hui, avec l’effondrement de la croissance économique."

D'où une angoisse, celle de voir disparaître ce mode de vie dont les Français sont "profondément fiers" et qui est si bien représenté par "ses villes de province de taille moyenne où Balzac situait ses romans". 

L'élection américaine, saison 2? 

Le parallèle, même s'il a ses limites, entre Marine Le Pen et Donald Trump est de tous les papiers. De là à voir dans notre élection un nouveau scrutin américain, il n'y a qu'un pas, que bien des plumes franchissent. C'est ainsi que Foreign Policy voit en Mélenchon un nouveau Bernie Sanders. "Comme Sanders, Mélanchon parle au désir des électeurs de gauche de réécrire les règles orthodoxes de la politique", peut-on lire. De son côté, le Washington Post voit une étrange similarité entre Hillary Clinton et Emmanuel Macron:

"La fin de campagne de Macron commence à ressembler aux derniers jours de campagne d'Hillary Clinton aux Etats-Unis, quand Clinton, qui partage un pédigrée "establishment" similaire et une vision économique néolibérale comparable, n'a pas réussi à convaincre les indécis ni à motiver les électeurs les plus apathiques".

"Les électeurs français ont appris au moins une chose de la victoire de Donald Trump: ils doivent se tenir prêt à une surprise", peut-on lire dans un autre article du journal, faisant ainsi écho à des dizaines d'autres journaux américains qui soulignent l'incertitude inouïe dans laquelle la France est plongée.

 

Même John Oliver, animateur du très populaire Last Week Tonight, a tenu à interpeler les Français. "Vous, en France, n'aimez rien de plus que faire mieux que la Grande-Bretagne et l'Amérique. Maintenant c'est à vous de le prouver. (...) Imaginez combien vous vous sentirez supérieurs si vous ne faites pas les mêmes erreurs que nous." Voilà, en substance le message de John Oliver, dont la voix a effectivement porté de l'autre côté de l'Atlantique.

"L'Angleterre et les Etats-Unis ont "fucked up". Ne "fuck up" pas non plus. (...) Vous valez mieux que ça. Ceci est votre chance d'être à la hauteur de la philosophie des Lumières.

Soulignant la possible perturbation des élections par la menace terroriste, les médias américains, conscients que tout est bel et bien possible, retiennent eux aussi leur souffle en attendant les résultats.

 

Victoria David

 

À Harvard, une "école de la résistance" à Donald Trump

Le 5 avril dernier, Timothy McCarthy, professeur à Harvard, a donné la leçon inaugurale de l'Ecole de la résistance - la Resistance School - créée par des étudiants de la Kennedy School d'Harvard. L'objet de cette résistance? Le Président des Etats-Unis, Donald J. Trump.

Formation gratuite de quatre semaines ouverte à tous, le programme en ligne veut permettre à ses étudiants de combattre la politique de Donald Trump. Les étudiants affichent, sur leur site internet, vouloir « affiner les outils dont nous avons besoin pour nous défendre au niveau fédéral, au niveau des Etats et au niveau local »

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Capture d'écran de la page d'accueil du site de "l'école", où l'on peut lire: "des compétences pratiques pour reprendre l'Amérique"

Jefferson et Harry Potter comme sources d'inspiration

Leur inspiration, cette phrase de Thomas Jefferson, devenue leur devise« Lorsque l’injustice devient loi, la résistance devient devoir. » Une injonction qu'ils ont prise à la lettre en créant cette plateforme. Le groupe vous rappellera peut-être l'armée de Dumbledore dans le roman de J.K. Rowling, comme le souligne Le Figaro Etudiant. Créée par Harry Potter, cette armée prend des cours de défense afin de combattre Voldemort.

Des outils contre l'impuissance 

Seule la moitié des 18-29 ans a voté lors de l'élection présidentielle américaine de 2016, alors que le taux de participation national est de 58%. Une participation faible qui ne traduit cependant pas forcément un désintérêt, comme l'ont démontré les centaines de manifestations anti-Trump qui ont proliféré sur les campus américains durant les premières semaines de son mandat. À l'image des manifestants, les fondateurs de l'école de la résistance n'ont pas voulu se résoudre à leur impuissance. 

Joseph L. Breen, cofondateur, a en effet confié au journal de l'université The Crimson que l'idée leur était venue après avoir discuté de la manière dont ils pouvaient faire face à Trump. "Nous pensions qu'il y avait beaucoup d'étudiants qui voulaient s'engager dans l'activisme politique mais qui n'avaient pas les bons outils pour le faire", a-t-il ajouté. 

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« Lorsque l’injustice devient loi, la résistance devient devoir. », Thomas Jefferson. Capture d'écran du site resistanceschool.com 

"Comment communiquer nos valeurs en matière de plaidoyer politique" 

6.500 étudiants répartis dans les 50 états américains et à travers le monde se sont inscrits pour assister à la première session, alors que 15.000 l'ont visionnée en direct, selon Quartz.com. "Comment communiquer nos valeurs en matière de plaidoyer politique", voilà l'objet de ce premier cours, donné par Timothy McCarthy, qui a soutenu le projet dès le début. Durant sa conférence, McCarthy abreuve ses étudiants de conseils. Du deuxième discours d'investiture d'Abraham Lincoln à la "Déclaration de Sentiments" de la Convention de Seneca Falls, une première pour le droit des femmes aux Etats-Unis, il leur recommande ses indispensables.

La deuxième leçon a eu lieu mercredi 12 avril. Sara El-Amine, directrice exécutive d'Organizing for Action (OFA) - un mouvement d'appui à Barack Obama, fait remarquer Le Monde -, a répondu à la question "Comment mobiliser et organiser nos communautés?". 

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Résumé du deuxième cours donné par Sara El-Amine. Capture d'écran du site resistanceschool.com.

Créer un véritable mouvement 

Dans la pratique, il s'agit de quatre semaines de cours donnés par des professeurs prestigieux. Les vidéos sont retransmises en direct sur YouTube et sur les réseaux sociaux. Le site encourage les participants à s'inscrire en groupe plutôt qu'individuellement, afin d'entretenir une dynamique qui se veut avant tout collective. Un avis partagé par McCarthy, pour qui il s'agit d'un "mouvement": "les écoles sont propices à l'échange intellectuel, à la transformation sociale, et oui, si nécessaire, à la résistance politique" a-t-il confié au Crimson.

Au-delà de la simple résistance au nouveau président, il s'agit donc de créer un véritable mouvement pour permettre à ceux qui le souhaitent de s'engager en politique et, surtout, de s'organiser.

 

Victoria David