Chaque quatrième jeudi de novembre, les foyers américains sont en liesse, et pour cause. Thanksgiving, et ses 46 millions de dindes dégustées en une soirée, est l’une des fêtes les plus attendues de l’année.
Ce soir, une grande partie des États-Unis se réunira autour d'une dinde, d'une sauce aux cramberries et de la traditionnelle tarte à la citrouille. En famille ou entre amis, l'heure est au partage autour d'un véritable festin. Mais d'où vient cette tradition populaire ? Petit retour en arrière, dans l'Amérique du XVIIè siècle...
Thanksgiving, ça vient d'où au juste ?
Tout commence en 1621, lorsque un groupe d'anglais puritains embarquent sur le Mayflower, en quête d'un territoire nouveau. Les Pilgrims Fathers, ou Pères pèlerins, arrivent en Nouvelle-Angleterre, et plus précisément à Cape Cod, dans la région de Boston. Mais surprise : ils ne sont pas seuls. Bien avant l’arrivée des européens, la région était en effet habitée par les natifs américains. Le peuple amérindien Wampanoag vit ici depuis des siècles.
Tout sauf préparés à passer leur premier hiver sur la terre américaine, la moitié de la colonie décède dans l'année. Les quelques survivants ne durent leur salut qu'à l'intervention des Wampanoags, qui leur offrirent de la nourriture, leur apprirent à pêcher, chasser et cultiver du maïs. Pour célébrer les récoltes abondantes de l'automne 1621 et remercier les amérindiens, le gouverneur William Bradford appela à trois jours d'actions de grâce. Au programme : un grand repas servi à chacun, au cours duquel dindes sauvages, pigeons et autres mets furent abondamment dégustés.
C'est le 3 octobre 1789 que George Washington décréta le premier Thanksgiving Day :
"Je recommande et assigne que le dernier jeudi de novembre soit consacré par le Peuple au service du grand et glorieux Être, qui est l'Auteur bienfaisant de tout ce qu'il y a eu, de tout ce qu'il y a et de tout de qu'il y aura de bon. Nous pouvons alors tous nous unir en lui donnant notre sincère et humble merci, pour son soin et sa protection, appréciés du Peuple de ce Pays"
Chaque année depuis 1873, la tradition veut que le président gracie une dinde, triée sur le volet, lors d'une grande cérémonie à la Maison-Blanche. Cette année, le public avait le choix entre deux grandes finalistes : Peas et Carotts, dont les CV ont été publiés sur Twitter :
Meet your candidates: "Peas" and "Carrots" will be here at the White House TOMORROW—and one will receive the title of National Thanksgiving Turkey. pic.twitter.com/r53GM6Gxr2
— The White House 45 Archived (@WhiteHouse45) November 19, 2018
C'est finalement Peas qui a été élue, et reçu la grâce de Donald Trump !
Today, President Trump participated in a classic White House tradition: the pardoning of the Thanksgiving turkey.
Americans voted online for our two very qualified candidates. Find out which was crowned National Thanksgiving Turkey in 1600 Daily: https://t.co/xb9E3Be3a3 pic.twitter.com/5yyNXYqv98
— The White House 45 Archived (@WhiteHouse45) November 21, 2018
Unthanksgiving, ou la contre-célébration
Néanmoins, tous les américains ne célèbrent pas Thanksgiving. Si ce soir, certains partageront un grand repas dans la joie et la bonne humeur, d'autres observeront un instant de deuil.
Pour quelques amérindiens, Thanksgiving et l'arrivée des premiers colons symbolisent le point de départ de la destruction de leurs terres. C'est le cas de l'association des Amérindiens unis de Nouvelle-Angleterre, qui commémorent, chaque quatrième jeudi du mois de novembre depuis 1970, un jour de deuil.
"Historiquement, Thanksgiving représente notre première confrontation à l'érosion de notre souveraineté. Tant que nous ne nous lamentons pas dans les regrets, il est sain de faire son deuil. C'est même un élément nécessaire du processus de guérison " a déclaré le chef de la tribu Wampanoag le jour d'Unthanksgiving en 2014.
Bien loin de l'esprit traditionnel de Thanksgiving, Unthanksgiving est une journée de commémoration, mais aussi de protestation contre le racisme et l'oppression que subissent toujours les Amérindiens aux États-Unis.