Dans la plaine de Thessalie, les moines tutoient les cieux. Perchés à 600 mètres du sol, ils vivent en autarcie sur d'impressionnants pitons rocheux formant la Vallée des Météores, à quatre heures de route d'Athènes. Avant d'attirer 2 millions de touristes chaque année mais aussi les scénaristes de Game of Thrones ou le set très british de 007 pour "Rien que pour vos yeux", cet ermitage audacieux ne se gagnait qu'après une aventure à flanc de falaise, une ascension parfois... mortelle.
60 moines, 6 monastères et beaucoup de marches
Autrefois, les moines orthodoxes atteignaient leur pinacle en se faisant hisser dans de grands filets de cordes tressées, tirés à l'aide de poulies - mais il arrivait que ça casse ! Au fil du temps, les moyens se sont modernisés, l'Histoire et les bombardements enchaînés, et les monastères raréfiés : seuls 6 des 24 édifices sont encore entiers et en activité. Les traditions religieuses séculaires s'y perpétuent : sons de cloches, prières et élégies animent les lieux, chantées par un phalanstère de 60 moines et nonnes orthodoxes répartis sur les six immenses rochers.
"L'un des principaux rôles des moines, c'est la « philoxenia », c’est-à-dire l’accueil de l’étranger, l’hospitalité", raconte le Père Pachomios, qui rythme notre visite du monastère de Varlaam. Lui ne fait pas partie de ces Grecs ayant très vite embrassé la voie monastique, comme une évidence. "Avant mes 19 ans, j'ignorais tout de ce chemin. Je n'ai compris qu'après. D’ailleurs, j’ai menti à mes parents ! Je leur ai dit que j’allais en vacances sur une île grecque et de fait, j'y suis allé mais pas pour me baigner ! Pour aller dans un monastère que je connaissais. C'était ma première expérience monacale". Très vite, le père Pachomios reprend ses devoirs sacerdotaux, car si les lieux sont aisément visitables, leurs habitants, eux, n'ont pas toujours le temps de les décrire au flot incessant des touristes. Reportage de Maryse Burgot, Manuel Chiarello, Anne Donadini, Alexandros Kottis, Laura Tositti.
Anne Donadini