Croatie : à la découverte des cascades de Plitvice

D’aucuns pourraient penser que le vieux surnom de « Jardin du Diable » convient bien peu au Parc national de Plitvice, tant il évoque un Eden rarement admiré ailleurs. Un paradis de verdure et d’eau niché au nord-est de la Croatie, pas bien loin de la frontière bosnienne. Ne croyez pas ceux qui vous disent qu’on y compte 92 cascades ; la réalité, c’est qu’on ne peut pas les compter. Des centaines de chutes d’eau turquoise et opaline se déploient de lacs en lacs, au cœur d’une forêt parfois primaire, et donc inexplorée, de 300 km2.

Des lynx, du calcite et des légendes

« L’explication est simple, la couleur bleue éclatante est due à un très haut taux de carbonate de calcium (ou calcite) et à l’omniprésence de travertin qui en découle » explique Marijana Crnković, guide depuis près de 20 ans dans le parc croate. Le travertin (ou « tuf calcaire »), est un amas de bactéries microscopiques qui permet la formation de bassins et la rétention d’eau ; c’est cela qui, depuis 15 000 ans environ, a permis la formation des 16 grands lacs du parc de Plitvice, si aveuglants de beauté et de lumière. Pas étonnant que l’Unesco, en 1979, les ait intégrés à son patrimoine mondial ! Et que 2 millions de visiteurs viennent chaque année les admirer.

Protégées, les cascades ne sont pas autorisées à la baignade, pas plus que le parc n’accepte le camping, la chasse ou la pêche. De toutes façons, une eau allant de 7 à 17 degrés vous aurait-elle tentée ? « Nous patrouillons pour veiller à ce que les touristes respectent les règles, et pour dégager les routes en cas d’incendie » rappellent les rangers, au nombre de (seulement) neuf pour protéger l’intégralité de la dense forêt de sapins, de hêtres et d’épicéas, pleine d’ours, de lynx et de loups, et dont les cascades ne représentent finalement qu’1% du territoire.

Plus profond dans la forêt, dans un lieu auquel seuls les rangers et la poignée de Croates habitant au cœur du parc ont accès, nous découvrons les deux sources qui alimentent ces chutes d’eau vertigineuses (jusqu’à 78 mètres pour la « Big Waterfall »). La Rivière Noire et la Rivière Blanche, si étroites, sont les très étonnants et modestes points de départ de ces eaux enchanteresses, qui naissent de petites montagnes de roche karstique. « Elles sont pleines de légendes, les habitants les entourent d’histoires depuis bien longtemps » commente Mariana, notre guide. Pour les vivre, rendez-vous avec ce reportage d’Alban Mikoczy, Manuel Chiarello, Anne Donadini et Florence Crimon.

Anne Donadini