Monfalcone, la ville qui voulait décourager les migrants

80 %. Ce chiffre correspondant à la chute drastique du nombre de migrants arrivés en Italie par la mer en 2018, par rapport à 2017. La réalité voilée par cette impressionnante statistique est bien plus sombre. Le nombre de migrants a certes bel et bien baissé, mais les difficultés d’accueil, elles, se sont multipliées.

D'un côté, les personnes arrivant en centre d'accueil sont victimes de violences graves, de passages à tabac, d’extorsion d'argent et de biens, le tout dans des conditions de santé inquiétantes. De l’autre, certaines villes serrent la vis. À Monfalcone, petite ville italienne de 27 000 habitants aux portes de la frontière slovène, une communauté bengali s’est installée dès 1998.

Aujourd’hui, ils sont plus de 8000 en centre-ville et en banlieue, et la maire est lasse. L’été, 60 enfants bengalis se sont vus refuser l’entrée en maternelle à cause d’un nouveau quota : pas plus de 45 % d’enfants étrangers par classe. Pour dissuader les étrangers de s'installer, la maire a fait ôter les bancs de la place centrale, interrompre la construction d'une mosquée. Symptôme d’un pays où l'urgence migratoire a laissé place à une certaine forme de précarité. Reportage d’Alban Mikoczy, Florence Crimon, Laura Tositti et Claudia Billi.

L’info en + : Selon un rapport sorti fin 2018, l'Espagne est la première destination des migrants venus des côtes nord-africaines (43 % des arrivées). En Italie, les débarquements ont baissé de 80 % pour atteindre 23 000 arrivées. Le nombre de demandes d'asile a lui aussi baissé, tandis que les refus ont connu un véritable boom (seules 3 % des demandes ont été acceptées en décembre 2018, un minimum historique). Ce sont majoritairement des Pakistanais, des Nigérians et des Bengalais.

Anne Donadini