En visite en Pologne ce mercredi, le ministre de l’Intérieur italien, Matteo Salvini, cherche à former un nouvel axe souverainiste en Europe en vue de déplacer le centre de gravité politique du Parlement européen lors des élections européennes en mai.
Il continue son tour des eurosceptiques. Mercredi, le vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur italien, Matteo Salvini, était en visite en Pologne. Si, officiellement, le but était de parler d’économie, de migrations et de sécurité, les élections européennes prévues pour mai sont vites devenues le vrai sujet des préoccupations. Le but pour le chef italien de la Ligue est clair : créer un front souverainiste au parlement européen. “L’Europe s’est habituée pendant des années à parler de l’axe franco-allemand, nous nous préparons à avoir un nouvel équilibre. La Pologne et l’Italie seront les protagonistes de ce nouveau printemps européen” a-t-il déclaré à l’issue de sa rencontre avec Joachim Brudzinski, ministre de l’Intérieur polonais, avant de poursuivre : “La Pologne et l’Italie seront, les protagonistes de ce nouveau printemps européen, de cette renaissance des vraies valeurs européennes avec moins de finances, moins de bureaucratie et plus de travail, plus de famille et surtout plus de sécurité”
Un saluto da Varsavia, Amici! Felice di incontrare qui oggi numerosi esponenti del governo polacco, nel segno dell’amicizia tra i nostri due popoli. Ora con il collega ministro dell’Interno Joachim Brudzinski. pic.twitter.com/zrkAsfq4av
— Matteo Salvini (@matteosalvinimi) 9 janvier 2019
Après avoir rencontré son homologue polonais, Matteo Salvini s’est entretenu avec Jaroslaw Kaczynski, le chef du PiS, parti national-conservateur et eurosceptique Droit et Justice. Le but pour le ministre italien est de créer un front souverainiste commun au Parlement européen. Il faut dire que le PiS polonais et la Ligue italienne partagent la même défiance pour l’Union Européenne. Les deux gouvernements rejettent la politique voulue par Bruxelles, sur l'immigration et s’accordent sur une vision conservatrice de la société. Ils s’insurgent également contre ce qu’ils considèrent comme une discrimination de la part de l’UE contre leurs pays : en Italie, le budget italien a été retoqué alors que d’autres pays comme la France avaient des déficits plus importants. De son côté, la Pologne est visée par l’activation de l’article 7 du traité de l’UE pour l a réforme de son système judiciaire. Entre gouvernement polonais et italien ; il y a toutefois une pierre d’achoppement : la position pro-Russe de Salvini qui inquiète Varsovie.
Alliances pour un “international souverainiste”
Membre du parti des CRE (Conservateurs et réformistes européens), à moitié formé de parlementaire britanniques, le PiS polonais risque de se retrouver en difficulté après le départ de ces derniers dû au Brexit. L’alternative serait pour les CRE de faire rentrer les futurs parlementaires italiens de la Ligue dans leur groupe. Cela imposerait à Salvini et à la Ligue de quitter le groupe Europe des nations et des libertés (ENL) qui inclut le Rassemblement National de Marine Le Pen et le FPÖ autrichien (néo-nazi). A l’inverse, une autre solution pourrait être une extension du groupe ENL (proche de l’extrême-droite) pour y intégrer le PiS mais ici aussi des résistances existent. Autre possibilité, le parti polonais pourrait rejoindre le Parti populaire européen (PPE) où figurent Les Républicains français, le Fidez de Viktor Orban et Froza Italia de Silvio Berlusconi. Il faudrait cependant cohabiter avec le parti très pro-européen Donald Tusk, Plate-forme civique, ce qui paraît peu probable.
Après sa rencontre avec Viktor Orban en août et son déplacement en Pologne ce mercredi, Matteo Salvini continue en tout cas, son rapprochement avec les membre du groupe Visegrad (République Tchèque, Hongrie, Pologne et Slovaquie) dont il partage la même hostilité envers l’immigration. Ce dernier s’est même déclaré être prêt à devenir leur “strapontin du sud”. S’appuyant sur les membres du groupe, il cherche à déplacer le centre de gravité du Parlement européen vers l’est et créer un nouvel axe, là-aussi en opposition à l’axe Franco-allemand d’Emmanuel Macron et Angela Merkel.
Rédaction : Alban Mikoczy et Louis Rayssac