Un poste très attractif, des moyens de recherche décuplés et un voyage tous frais payés : les universités et centre de recherche chinois ne lésinent pas sur les moyens pour attirer les chercheurs européens.
Il y a quelques jours, des scientifiques italiens ont reçu une curieuse proposition dans leur boîte mail. Poursuivre leurs recherches à l’autre bout du monde, en Chine, à près de 8 000 km de distance de leur pays natal. Dans le message, les promesses se succèdent : un accès facile à de hauts postes, avec des moyens de recherches démultipliés. Une offre alléchante pour tenter d’attirer les talents transalpins.
Le journal italien La Repubblica n’hésite pas à qualifier les universités chinoises de « nouvel eldorado de la recherche mondial ». La faculté de Guangzhou, dans le sud-est du pays, en est le parfait exemple. Sa branche scientifique va créer 70 postes de chercheurs dans les cinq prochaines années. Un chiffre identique dans l’université voisine de Zhuhai. Un recrutement spectaculaire, quand on sait que le département des sciences physiques de la Sapienza, plus grande université d’Italie, regroupe 78 enseignants-chercheurs.
Se doter des meilleurs scientifiques
L’offre de travail est bien supérieure à la demande. Ces emplois vacants cherchent des preneurs. Mais pas n’importe lesquels. La Chine veut se doter des meilleurs scientifiques pour faire avancer la recherche et former sa propre génération de savants.
Le Florentin Casimo Bambi a décidé de franchir le cap, en 2012, en rejoignant l’université de Shanghai. Devenu enseignant, cet Italien se réjouit de son choix. Il dispose des ressources nécessaires à ses recherches et se sent « libre à cent pour-cent dans son travail », selon son témoignage dans La Repubblica.
Un investissement colossal
Cette fuite des cerveaux organisée est le fruit d’un développement spectaculaire de la Chine dans le monde scientifique ces dernières années. Depuis la révolution culturelle initiée par Mao Zedong, le pays a rajeuni ses chercheurs, en écartant les plus vieux.
À partir de 2008, Pékin n’hésite pas à lancer des appels aux jeunes talents du monde entier, particulièrement les physiciens et les chimistes, pour accroître ses avancées. La Chine veut s’imposer sur le devant de la scène international scientifique, en témoigne les 444,8 milliards que le pays a investis en 2017 dans la recherche, deuxième plus gros budget mondial, derrière les Etats-Unis.