C'est sûrement un tournant dans le pontificat du pape François : de manière tout à fait inhabituelle, le pontife vient de reconnaître avoir commis de « graves erreurs » de perception dans les affaires de pédophilie qui secouent l’Eglise du Chili depuis des années.
Au cours d'un voyage dans ce pays en janvier dernier, le pape avait défendu contre vents et marées l'évêque chilien Juan Barros, soupçonné d'avoir couvert les crimes d'un vieux prêtre pédophile. le pape François s'était déclaré persuadé de son innocence et il avait demandé aux victimes des preuves de culpabilité ! François avait même publiquement donné une accolade à l’évêque incriminé.
Aux yeux de tous, ce voyage au Chili avait d’ailleurs été un échec cinglant. Les fidèles ne s’étaient même pas déplacés pour écouter le pontife et les cérémonies géantes étaient restées désespérément vides.
Face à la pression grandissante, le pape François avait dû ensuite présenter ses excuses, puis envoyer au Chili un enquêteur du Vatican pour recueillir des témoignages des victimes.
Un rapport accablant
Dans une lettre adressée à l’épiscopat chilien, le pape vient donc de tirer les premières leçons de ce rapport de 2300 pages, que l’on peut imaginer accablant.
Il fait part aux évêques chiliens de sa « douleur » et de sa « honte » pour les abus sexuels commis par des membres du clergé au Chili. Et il fait donc son mea culpa en reconnaissant avoir lui-même commis « de graves erreurs dans l’évaluation et la perception de la situation ». Il annonce également aux évêques qu’il les recevra prochainement au Vatican
Des paroles mais pas d’actes
Avec ce rebondissement spectaculaire, le pape argentin tente de reprendre la main dans les affaires de pédophilie et d’abus sexuels dans l’Eglise. C’est en effet là que son pontificat pêche : depuis sa nomination à la tête de l’Eglise catholique en 2013, ses paroles ont toujours prôné la « tolérance zéro » mais ses actes n’ont presque jamais été à la hauteur.
Le pape s’était par exemple montré incroyablement laxiste vis-à-vis de Mauro Inzoli. Il a fallu attendre juin dernier que ce prêtre italien soit condamné à près de cinq ans de prison pour avoir abusé d’adolescents, pour que François le réduise finalement à l’état laïc.
Et les exemples de sa trop grande miséricorde vis-à-vis de prêtres ou d’évêques mêlés de prés ou de loin à des affaires d’abus sexuels abondent.
Avec l’affaire chilienne, le pape François est peut-être en train de prendre - enfin - conscience des conséquences désastreuses de son inaction : c’est tout simplement la survie de l’Eglise catholique qui est en jeu.