Donner une seconde vie aux biens confisqués aux mafias italiennes est un enjeu crucial dans la lutte contre le crime organisé. Problème : la gestion des milliers de biens saisis est un véritable casse-tête pour les autorités italiennes.
Bien confisqué : ici la Camorra a perdu !
Yachts, villas de luxe, entreprises de construction, restaurants : depuis le 1er janvier 2017, près de 5000 biens ont été confisqués aux mafias italiennes.
Problème : à peine 4% de ces biens sont ensuite réutilisés de manière efficace. Pourquoi ? les autorités locales à qui sont remis les propriétés confisquées n'ont pas d'argent pour réinvestir, elles n'ont pas non de projets concrets de réhabilitation. Et c'est dommage car lorsqu'une entreprise saisie à la mafia doit fermer ses portes, la population locale se dit que l'organisation criminelle apportait de l'activité et du travail dans la région. Réhabiliter un bien appartenant ou géré autrefois par la mafia – la villa d’un boss, une construction abusive, une entreprise gérée par un mafieux,… – est en effet un symbole fort envoyé à la population. Celui de la victoire de l'état de droit contre la crime organisé.
D'un restaurant de la 'ndrangheta à une "osteria sociale"
Près de Milan, c'est un restaurant social qui occupe désormais les murs d'une pizzeria gérée jusqu'en 2010 par la 'ndrangheta, la mafia calabraise. Giovanni, le directeur de la coopérative du restaurant "La Tela", parle au journal "La Stampa" d'un véritable parcours du combattant pour récupérer et réhabiliter ce bien confisqué au crime organisé. Deux ans ont été nécessaires pour que l'Agence nationale pour la gestion des biens confisqués à la mafia (ANSBC), cède le local à la commune. Créée en 2010,c'est elle qui a la lourde mission de remédier à ce trop-plein. Grâce à une aide de 175 mille euros de la Région, la coopérative a pu engager une dizaine de travailleurs, certains en situation de handicap. Un exemple qui est plutôt l'exception que la règle, mais synonyme d'espoir pour les milliers de biens abandonnés qui attendent toujours de connaître une seconde vie dans la légalité.