L'Italie vote, dimanche 4 décembre, une réforme constitutionnelle par référendum. Mais au-delà de la question posée, c'est le sort de Matteo Renzi qui est en jeu. Au-delà encore, la crainte d'un retour à l'instabilité politique et financière, puisqu'il a indiqué qu'il démissionnerait en cas d'échec.
Meeting après meeting, Matteo Renzi est infatigable. 60 déplacements en quelques jours. Lui qui a promis de quitter le pouvoir en cas de défaite doit tout faire pour convaincre l'Italie de voter oui au référendum, dimanche 4 décembre. « Il faut que l'Italie se réforme, et qu'elle regarde vers le futur ». Le fringant Premier ministre veut réduire le nombre de sénateurs et surtout leurs pouvoirs. En clair, empêcher que le Sénat ne puisse renverser l'exécutif dans un pays qui a connu 60 gouvernements en 70 ans.
Cristallisation des inquiétudes
Mais Matteo Renzi n'avait pas prévu qu'une telle réforme cristalliserait toutes les inquiétudes, bien au-delà de l'enjeu constitutionnel. « La situation économique est dramatique. On ne vit plus, on ne peut même plus dépenser le peu d'argent qu'on gagne », indique un Italien. Sa réforme s'apparente donc à un plébiscite pour ou contre le gouvernement. Depuis des semaines, le camp du non bat le pavé. « Voter non au référendum, c'est dire non à Matteo Renzi, et à sa politique ». En mettant son propre sort dans la balance, les observateurs l'affirment Matteo Renzi s'est pris à son propre piège, comme l'indique Michel Martone, avocat et ex-secrétaire d'Etat à Rome. « Matteo Renzi lui-même a reconnu avoir eu tort à trop personnaliser ce référendum. Les réformes constitutionnelles doivent unir le peuple, tandis que cette réforme était en quelque sorte un enjeu politique que Renzi a fait sur sa personne ». Le non au référendum est pour l'instant donné en tête. Mais avec environ 30% d'électeurs indécis, Matteo Renzi peut encore espérer renverser la tendance et sauver sa place à la tête du pays.
Les enjeux du référendum
Pendant les deux semaines qui précèdent le référendum constitutionnel, la loi impose qu'aucun sondage ne soit publié, mais cela ne veut pas dire qu'aucun n'est réalisé. Les derniers montrent une courte victoire du "non" mais avec un quart des électeurs qui seraient toujours indécis. Tout peut encore basculer.
Éviter une phase d'instabilité politique et financière
C'est un scénario catastrophe que prédisent les marchés et l'Europe en cas de victoire du "non". Car si Matteo Renzi démissionne comme il l'a affirmé, c'est une nouvelle phase d'instabilité politique qui s'ouvre en Italie avec, en embuscade, les populistes du mouvement Cinq étoiles qu'aucun ne considère comme une alternative de gouvernement crédible". Les banques italiennes ne résisteraient pas économiquement.