PAROLES D’INDE // De jour comme de nuit, les klaxons mènent la cadence dans les rues de New Delhi. Changer de voie, tourner à gauche, annoncer son arrivée : klaxons obligatoires ! Les conducteurs en usent et abusent au point que le gouvernement s’inquiète de cette pollution sonore.
C’est écrit à l’arrière des camions : « Klaxonnez s’il vous plait ! ». En Inde, plutôt que de regarder dans son rétroviseur, les conducteurs klaxonnent : pour tourner, dépasser par la gauche comme par la droite, mais aussi remplacer des feux tricolores souvent en panne… Les moniteurs d’auto écoles apprennent aux élèves à s’en servir dès leurs premières leçons. Certains l’utilisent sans mesure pour épater la galerie avec des sonneries originales. D’autres le font par reflexe, pour se faire entendre et affronter le chaos urbain trop agressif.
La pollution sonore en devient dangereuse dans les villes indiennes : elle vient de dépasser le seuil de tolérance fixé par l’Organisation mondial de la Santé. Pour l’OMS, ce bruit permanent présente un risque de dépression, d’irritabilité, d’hypertension ou encore de troubles cognitifs chez les enfants. Une étude publiée en juin révèle que, en moyenne, les personnes atteintes de surdité sont de plus en plus jeunes. A Delhi, une personne sur quatre ayant 60 ans est touchée. En France, cela n’arrive que très rarement avant l’âge de 75 ans.
Alors, le gouvernement veut prendre les choses en mains. Apres des zones ‘sans klaxon’ autour des écoles et des hôpitaux, ainsi qu’une maigre amende de 100 roupies (environ 1,30 euros), les autorités veulent mettre en place des mesures plus strictes. La sanction monterait à 500 roupies (environ 7 euros) pour la première infraction et 1000 roupies (14 euros) si les klaxons « incessants et inutiles » persistent. Le gouvernement envisage aussi une amende de 5000 roupies (70 euros) pour les possesseurs de klaxons au son amplifié. Et les habitants ne semblent pas contre !
Il ne reste plus qu’à faire régner cette nouvelle loi, dans un pays où la circulation n’a pas de règles.
Pauline Gordon (St.)