Après le viol d'une religieuse de 75 ans à Calcutta, l'église St Mary Church d'Agra, ville du célèbre Taj Mahal, a été vandalisée la semaine dernière. Une énième agression à l'encontre de la minorité chrétienne d'Inde. Après les lieux de culte, les chrétiens se sentent maintenant directement menacés.
Une église d'Agra a été saccagée vendredi passé. Parmi les dégâts, on compte la destruction de deux statues de Jésus et une autre de la vierge Marie d'une très grande valeur. De nombreuses églises ont été endommagées ces derniers mois, cinq églises ont été brulées à New Delhi.
Mais ce ne sont plus seulement les lieux de culte qui sont pris pour cible. Jets de pierres sur une assemblée pendant une messe, chrétiens tabassés dans le nord du pays pendant une cérémonie funéraire, campagnes de conversion forcées, religieuses violées à Calcutta et Orissa, dont une âgée de 75 ans : les chrétiens se sentent persécutés.
La communauté chrétienne représente aujourd'hui en Inde 2,3% de la population, soit tout de même 28 millions de personnes (contre 82% d'hindous et 13% de musulmans). Les rassemblements se multiplient dans le pays. Après Delhi en février, 30 à 35 000 chrétiens dont 5 leaders religieux se sont réunis du côté de Bombay en mars pour protester contre l'insécurité qui pèse sur eux. Ils sont en colère contre les agresseurs, mais aussi contre le gouvernement. Leur demande ? Que les autorités et la police mènent une enquête approfondie.
Les chrétiens ne se sentent pas soutenus par le pouvoir en place et ils ne sont pas les seuls. Pour cause, des membres du pouvoir encouragent les campagnes de conversion religieuse, qui touchent aussi la communauté musulmane. Dans certains états, en échange d'une conversion à l'hindouisme, les chrétiens et musulmans se voient offrir un meilleur accès aux programmes d'aide sociale de l'Etat ou une compensation financière.
Plus encore, le parti extrémiste indien Shiv Sena a même déclaré que "l'augmentation de la population chrétienne et musulmane était une menace pour les hindous", et souhaite imposer la stérilisation des femmes des minorités musulmanes et chrétiennes. Des propos qui à ce jour n'ont pas été condamnés pas le premier ministre Narendra Modi. Son parti tente cependant de prendre ses distances avec de telles déclarations.
Depuis la victoire du Bharatiya Janata Party (BJP), parti nationaliste hindou du premier ministre Narendra Modi, les agressions se sont amplifiées à l'encontre de la minorité chrétienne en Inde. Et selon cette dernière, le pouvoir choisit trop souvent la voix du silence.
Christophe Reyns (St.)
D'après The Indian Express, America Aljazeera et The Hindustantimes, The Hindu et The Daily Beast