Avec une population de plus de 1,25 milliards d'habitants qui ne cesse d’augmenter, les autorités indiennes réagissent avec le préservatif féminin le moins cher du monde.
Velvet est la nouvelle arme secrète du gouvernement indien. Elle vient d'être commercialisée à travers tout le pays et consiste en une dizaine de centimètres de latex naturel, produit localement. Ce préservatif féminin est le moins cher du monde selon le fabricant : 0,66 centimes d'euros (soit 50 roupies) chacun.
Malgré cela, le préservatif masculin reste moins cher en Inde. Pour le même prix - 50 roupies - on peut en acheter plus d'une vingtaine.
Mais la bonne nouvelle est que Velvet sera distribué gratuitement dans les hôpitaux et les centres de soins publics, tout comme d’autres moyens de contraception tels que la pilule progestative (sans œstrogènes) ou le centchroman (un contraceptif oral sans stéroïdes et sans hormones).
Le rôle de Velvet : prévenir des maladies sexuellement transmissibles, bien sûr. Mais aussi, selon le ministre de la Santé et de la Famille, JP Nadda, ces préservatifs pourront "changer la vie des femmes en leur donnant plus de libertés et les moyens de contrôler leurs grossesses. Cela aura aussi son importance pour satisfaire les besoins en contraceptifs et réguler la population bourgeonnante du pays."
Le gouvernement ne s'en cache pas : il cherche à ralentir le nombre de naissances.
Plus de 1,25 milliards d'habitants vient en Inde, ce qui fait du pays de Gandhi le deuxième Etat le plus peuplé au monde avant la Chine. En 2022, les Indiens seront 1,4 milliards, selon les estimations des Nations Unies …. avant que l’Inde ne dépasse la Chine !
Moins de stérilisations forcées, plus de moyens de contraceptions
Velvet possède une dernière facette : c’est une alternative à la stérilisation.
Cette opération chirurgicale mène à une infertilité totale et peut s'avérer très risquée. Chez la femme, elle bouche les trompes de Fallope qui relient les ovaires à l’utérus. Chez l’homme, la "vasectomie" ferme les "canaux déférents" qui transportent les spermatozoïdes.
Les stérilisations sont monnaie courante en Inde. En Inde 35% des femmes en couple y ont recours, contre 3,8% en France, d'après les chiffres de 2013 des Nations Unies. Les stérilisations ciblent surtout les femmes indiennes des zones rurales et pauvres.
Depuis plus de 40 ans déjà, l'Etat promeut ces opérations, via de véritables "campagnes" de stérilisation. Jusqu’en 1996, le gouvernement fixait même des objectifs chiffrés de personnes à stériliser.
En novembre 2014, c’est contre une vingtaine d’euros seulement (soit 1.500 roupies), que 83 femmes du village de Pendari, dans l’Etat central et pauvre du Chhattisgarh ont accepté de subir l’opération. Pour toutes ces femmes : un seul chirurgien et son assistant. Pire : les opérations ont été réalisées en ... six heures.
C'est alors que treize femmes trouvent la mort. Malheureusement, le cas du village de Pendari n’est pas isolé : entre 2003 et 2012, 1.434 personnes sont mortes suite à des stérilisations mal pratiquées.
Des ONG comme Human Rights Watch dénoncent ces « stérilisations forcées » et demandent à l'Inde de proposer des alternatives. Le gouvernement de Narendra Modi entre en jeu cette année. C'est annoncé, l'Inde veut moderniser les moyens de contraception et élargir la gamme des contraceptifs gratuits.
Velvet pourrait donc être un nouvel espoir pour de nombreuses femmes en Inde. Reste à voir cependant si les promesses se traduiront dans les faits, et si le préservatif féminin aura la popularité espérée.
Caroline Chauvet (St.)