Dans le pays où les crèmes blanchissantes sont omniprésentes, le racisme sévit tous les jours. Le dédain porté à toute peau plus noire que la moyenne est de mise au pays de Gandhi.
L'Inde préfère les peaux blanches...
Dans les films, les clips musicaux et les publicités indiennes, le teint blanc est le teint favori. Ici cette tendance a même un nom : le syndrôme de Blanche Neige. La mode indienne, pour les hommes comme pour les femmes, c'est de se faire blanchir la peau.
En Inde la réglementation contre les discriminations à l'écran arrive tardivement : ce n'est qu'en août 2014 que le Conseil Indien des Standards de publicité oblige les spots publicitaires à ne pas renforcer les stéréotypes péjoratifs envers les personnes à peau foncée et à ne faire preuve d'aucune discrimination concernant la couleur de peau.
" Les publicités ne devront spécialement pas mettre en scène les gens ayant une peau plus foncée dans une position répulsive, malheureuse ou déprimée, de manière directe comme indirecte." peut on lire dans le texte.
https://www.youtube.com/watch?v=ubbufbkbovY
Savoir d'où provient l'origine de cette aversion pour les peaux foncées reste difficile. Certains la relient au système des castes puisque les Dalits -la caste la plus basse, celle des intouchables- de par leurs professions qui les exposaient souvent au soleil, avaient la peau foncée. D'autres l'attribuent au fantasme de la femme occidentale, attrayante, indépendante... et à la peau blanche.
Etre plus claire de peau, surtout pour les femmes, est un extra en terme de beauté. Malgré tout, des femmes ont décidé aujourd'hui de renverser la tendance et d'assumer fièrement leur couleur, quelle qu'elle soit.
*Restez foncée/Restez magnifique"
Un racisme anti-africain
Les premières victimes de ce racisme anti-peau noire sont les membres de la communauté africaine en Inde. Ils sont nombreux à venir ici, surtout pour étudier. Pourtant, peu apprécient leur vie indienne, et se sentent discriminés.
Andy a 38 ans. Il a quitté le Congo-Kinshasa et vit en Inde depuis trois ans maintenant. Son premier jour dans la capitale indienne est un cauchemard :
"J'avais déjà voyagé avant, dans d'autres pays. Mais là, lorsque je marchais dans la rue, les gens me regardaient fixement, se moquaient de moi dans une langue que je ne pouvais même pas comprendre. Je me souviens avoir pris le bus : lorsque je me suis assis, la personne à côté de moi s'est levée pour aller s'asseoir ailleurs."
Andy est désemparé et n'a qu'une envie : rentrer chez lui. Mais, il y a d'autres raisons dans son pays natal qui empêchent son retour. Andy reste donc à Delhi. Il devient réfugié du Haut Commissariat aux Nations Unies. Une fois son statut en poche, les ennuis ne sont pas terminés :
"Vraiment, il y a du racisme ici. C'est difficile de trouver un logement, tout est plus cher pour nous les Africains. C'est pareil pour le travail, les gens vous répondent qu'ils veulent d'abord embaucher des indiens. Et même après avoir trouvé un poste d'enseignant de francais dans une école, le staff refusait de manger avec moi !"
Parmi les insultes les plus récurrentes entendues par Andy, il y a le mot de KAALU - le noir en hindi. Et surtout, Andy évoque la fuite des enfants devant lui.
"Les parents leur font peur en leur disant que nous, les africains, nous mangeons la chair humaine, nous sommes des cannibales... Tous les enfants fuient devant moi"
Nombreuses sont les personnes d'origine africaine ayant vécu les mêmes expériences :
Cependant, Andy souligne qu'avec ses élèves, les relations sont plus simples et plus chaleureuses :
"En fait, ceux qui nous méprisent le plus sont ceux qui n'ont jamais voyagé, qui ne sont jamais sortis de chez eux. Peut être que dans 10-20 ans, les esprits auront changé..."
De plus en plus ces dernières années, la presse nationale reconnait et dénonce haut et fort le racisme. Un pas supplémentaire pour augmenter la prise de conscience et éradiquer ces discriminations.
Traduction de gauche à droite :
*Mail Online India : «Il est temps de mettre un terme au racisme indien contre les personnes noires »
*The Hindu: « Arrêtons de prétendre que le racisme n'existe pas en Inde »
*The Hindu : « Changez les couleurs du racisme »
Amanda Jacquel (St.)