Pendant la saison des pluies 2015, 24000 personnes ont été touchées par la dengue en Inde. 57 décès ont déjà été enregistrés. Dans la capitale, c'est la plus violente épidémie depuis 5 ans.
La mousson n’est pas seulement porteuse de pluie : c'est aussi la période où le moustique tigre, propagateur de la dengue, pullule dans toute l’Inde. Dans la capitale, le virus a déjà tué 17 personnes et près de 4000 contaminations ont été officiellement diagnostiquées.
Pour être contaminé, il suffit d'une simple piqûre de l’Aedes Aegypti, le nom scientifique du moustique tigre qui frappe surtout en milieu urbain. Difficile de détecter la dengue : plus de la moitié des victimes ne sont pas conscientes qu’elles portent le virus en elles. Pourtant, si elle est diagnostiquée trop tard, cette infection peut être mortelle. Surtout si le malade a contracté la forme la plus sévère de la maladie, la dengue hémorragique.
A ce jour aucun vaccin ni traitement spécifique n’existe encore. « On préconise de boire beaucoup et on prescrit du paracétamol, explique Eric Daudé, un chercheur au CNRS envoyé à Delhi pour mieux comprendre ce virus. La dengue est surtout mortelle si on ne la prend pas assez vite en charge. Par exemple, on compte aussi de nombreux cas à Singapour mais comme l’accès aux soins est plus large et que les professionnels de santé sont mieux formés, la dengue fait moins de mort qu’en Inde. »
Depuis fin août, les hôpitaux de Delhi sont surchargés. Début septembre, un enfant de 7 ans atteint de la dengue est mort après s’être vu refuser l’accès aux soins dans deux hôpitaux de la ville, faute de lits disponibles.
« La surveillance regarde surtout le sommet de l’iceberg »
Entre 2006 et 2012, la moyenne de cas par an en Inde est estimée à 20 000. Au total cette année, 24 000 personnes sont touchées par la dengue dans tout le pays. Un chiffre qui se calerait donc sur la moyenne faite ces dernières années.
Mais cette moyenne officielle pourrait être multipliée par un facteur 1000, selon une étude publiée dans le magazine britannique Nature. Les chercheurs rapportent qu’ « à elle seule, l’Inde [représentait] 22 à 44 millions des infections de dengue dans le monde » en 2010.
«Les cas comptabilisés dans les statistiques officielles ne se résument qu’aux patients qui sont passés par un hôpital et qui se sont faits dépister par le kit national, détaille le chercheur français, Eric Daudé. Le problème en Inde, c’est que la surveillance ne regarde que le sommet de l’iceberg. »
Avec son climat tropical et ses grandes villes, l’Inde est la première victime de l'épidémie, comptant à elle seule pour 33% du poids mondial de la maladie, selon la même étude.
En France, le moustique tigre fait régulièrement la Une des médias. Pour l'année 2015, au 21 septembre, 92 cas ont été recensés sur le territoire français selon l'Institut de Veille Sanitaire. Mais l'immense majorité de ces personnes (87) ont en fait été contaminées à l'étranger. Les cas dits « autochtones » restent très rares, et sont surtout concentrés dans le Gard (Sud de la France).
Amanda Jacquel (St.)