Pour lutter contre le tabagisme, la région indienne de l'Haryana a adopté une solution radicale : il y est désormais interdit de fabriquer et de vendre du tabac.
Avec 120 millions d'adeptes, l'Inde est le deuxième pays consommateur au monde de tabac après la Chine. Sous forme de cigarettes bien sûr, mais aussi de « bidis » (tabac enroulé dans une feuille de « tendu » et lié par une ficelle), « paan » (feuille de bétel remplie de tabac froid, de tranches de noix d'arec, de chaux, de cachou, et d'autres épices mâchés), ou encore « mishri » (une poudre de tabac frottées sur les gencives comme du dentifrice).
Chaque année, ces produits causeraient un million de décès dans le pays. Les taux de cancers de la bouche - ou cancer de la cavité buccale - sont aussi les plus élevés au monde. Ils représentent en Inde 40% de tous les cancers, contre 2,5% en France. En cause, le tabac à chiquer.
Face à ces chiffres, le pays a lancé des campagnes de sensibilisation, mais s'avance aussi vers une législation plus stricte. La fabrication, la distribution, le stockage et la vente de tous les produits dérivés du tabac est désormais interdite dans un État du Nord de l'Inde, l'Haryana.
Si la loi était étendue, cela pourrait entrainer une grosse perte économique pour le pays : avec 595.000 tonnes produites par an, l'Inde est le second pays producteur après la Chine, devant le Brésil et les États-Unis. Cette nouvelle réglementation rappelle celle adoptée par son voisin : dès 2005, le Bhoutan a interdit la vente de tabac dans le pays et limité chaque citoyen à 200 cigarettes importées par mois.
Mais la loi sera-t-elle effectivement appliquée ? En 2003 l'Inde avait déjà interdit la consommation de tabac dans les lieux publics, sous peine d'une amende de 200 roupies (un peu plus de trois euros), le salaire journalier moyen de beaucoup d’Indiens. Pourtant, dans les rues, parcs, ou bars de Delhi, les « bidis », « paans » et cigarettes n'ont pas disparus...
Devika Sharma (St.)