Depuis plus d'un an, le Premier ministre indien Narendra Modi tweete comme il respire. Un moyen de communication que l'on n'attendait pas forcément de sa part, lui souvent jugé "traditionnel" et "conservateur". Dans un document intitulé Banalities Turned Viral: Narendra Modi and the Political Tweet ("Des banalités devenues virales : Narendra Modi et le tweet politique"), le chercheur Joyojeet Pal de l'Université du Michigan a analysé cette présence sur le net.
Il est certes très loin derrière Barack Obama en termes de "followers", mais Narendra Modi arrive tout de même à la deuxième place des personnalités politiques les plus suivies au monde sur Twitter.
On trouve sur le profil Twitter du Premier ministre indien une succession de messages de remerciements aux personnalités politiques étrangères, de photos et de vidéos de ses déplacements... Et parfois même un petit "retweet", pour les internautes chanceux (peu nombreux évidemment) auxquels Modi s'est abonné en retour. Ses dizaines de messages postés par jour lui ont permis d'amasser un nombre de followers impressionnant depuis 2013 : 12, 4 millions. Pour se faire une idée, Barack Obama en cumule 59,3 millions, la présidente brésilienne Dilma Roussef 3,54 millions, tandis que François Hollande n'est suivi "que" par 977000 abonnés.
Facebook, Twitter... et des selfies
Twitter aide Modi à parler directement avec son peuple, ainsi qu'aux médias. Et à l'inverse de Barack Obama dont le compte est manifestement géré par un tiers, Narendra Modi lui, semble être celui qui prend le clavier, selon Joyoyeet Pal. Cette utilisation massive du net, le Premier ministre indien en a besoin, pour ajouter à son leadership politique une dimension technologique, dans une Inde qu'il veut à tout prix moderniser.
Pour Joyojeet Pal, Narendra Modi tweete surtout des "banalités", des événements mondiaux aux remerciements publics, en passant par des thèmes nationaux traités en 140 caractères. A 64 ans, Modi ose aussi les "selfies", comme lors de son récent déplacement en Mongolie, où il pose tout sourire avec Tsakhiagiyn Elbegdorj, le président local.
It's selfie time! Thanks Premier Li. pic.twitter.com/DSCTszSnq3
— Narendra Modi (@narendramodi) May 15, 2015
Dès ses débuts de campagne pour gagner le gouvernement, Modi a su s'entourer des bonnes personnes. Il a notamment fait appel à Hiren Joshi, ingénieur de 44 ans, pour gérer sa présence sur le net. Très vite, ses comptes sur les réseaux sociaux ont gagné des voix. Aujourd'hui, sa page Facebook a été aimée plus de 28 millions de fois.
Désir de proximité, transparence, voilà l'identité digitale de Narendra Modi. Alors difficile d'imaginer pour les jeunes internautes que cet homme a été autrefois rejeté par la communauté internationale et interdit d'entrée aux États-Unis pour des violations à la liberté religieuse. Le boycott avait commencé en 2002, peu après les émeutes qui avaient fait jusqu'à 2.000 morts, essentiellement des musulmans, dans l'état du Gujarat dont il était le chef de l'exécutif local. Mais la majorité des twittos indiens, trop jeunes pour se souvenir de ces événements, ne voient pas en Modi le responsable de la tragédie, sinon un homme politique non conformiste, qui prend la peine de s'adresser à eux directement.
D'après l'auteur de l'étude, si Modi continue sur cette voie, il devrait bientôt dépasser la starlette américaine Kim Kardashian, avec ses 14.2 millions de followers.
Cyrielle Granier (St)