Ceux qui disent oui :Dans la semaine qui a précédé le sommet, les parlementaires conservateurs ainsi qu'une bonne partie de la presse n'ont eu de cesse de prévenir le premier ministre que signer ce projet de traité c'était rentrer dans des négociations qui équivaudraient forcément à terme à une perte de souveraineté. Pour eux, ce nouveau traité imposera de nouvelles règles fiscales pénalisantes pour les établissements financiers de Londres. Et le risque de voir ces établissements quitter Londres pour Francfort ou Paris au prétexte que la capitale britannique ne serait plus une place financière avantageuse était bien réel. Il fallait donc tout faire pour ne pas y participer : rester en dehors c'est la garantie, selon les plus optimistes, d'éviter les compromissions, les contraintes et de ne pas être touché par l'Euro et son cortège de mauvaises nouvelles.
Ceux qui disent non :En revanche, dés l'annonce du coup d'éclat du premier ministre le 9 Décembre à Bruxelles, les pessimistes ont fait l'analyse strictement inverse. Selon eux, ( essentiellement les travaillistes de Ed Miliband mais aussi une partie des libéraux démocrates qui sont plutôt pro-européen et qui font partie de la coalition au pouvoir) l'hypothèse selon laquelle le nouveau traité pourrait imposer dés "barrières de trading" ou des "barrières fiscales" est réel et celui-ci pourrait au final, rendre la vie des banques installées à Londres impossible... Ce qui provoquerait le départ des plus importantes. Pire, ne pas participer à ce nouveau traité c'est laisser les 27, imposer ces nouvelles règles. David Miliband, le frêre de Ed le leader des travaillistes, a même osé un parallèle "footballistique" en disant que la Grande-Bretagne prenait le risque de se retrouver en deuxième division de l'Europe. Peut-on, dés lors, dire qu'en prenant ses distances avec ses partenaires européens la Grande-Bretagne s'est tirée une balle dans le pied ?
Il est évidemment difficile pour moi de conclure tant les deux hypothèses sont crédibles. J'ajouterais d'ailleurs que la Grande-Bretagne demeure dans l'union européenne et qu'elle entend préserver sa voix par ce biais. Mais compte-tenu de son isolement peut-elle être entendue ?
David Dameron, lui, se veut confiant : il estime que ses partenaires seront trop préocupés à résoudre la crise de l'Euro et des dettes en Europe dans les mois à venir, pour mettre des bâtons dans les roues de la Grande-Bretagne... peut-être, mais le pari est risqué.
Mon point de vue est que le calcul n'est sans doute pas mauvais à court terme. Et que cela arrange bien les 27 européens qui n'auront plus à se soucier de la spécificité britannique. Mais ensuite ? Le Royaume-Uni devra choisir. Sa position est intenable. Il pourrait même se marginaliser encore plus. Imaginez qu'une partie des parlementaires conservateurs estiment qu'il n'y à finalement plus beaucoup d'intérêts à rester dans l'Union européenne et qu'il serait préférable d'en sortir...
Jacques Cardoze