Le 10 septembre dernier, devant un parterre de journalistes, la future Présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen révélait la liste et les portefeuilles des commissaires européens qui devraient composer son équipe. Sylvie Goulard, pour la France, hérite du « Marché intérieur ». Un poste important qui comprend aussi l’industrie, la défense et le développement aérospatial.
Mais rien ne garantit que la candidate française sera validée demain par les députés européens qui l’auditionneront, et ne manqueront pas de l’interroger sur deux affaires qui ternissent sa candidature. L’une concerne des soupçons d’emplois fictifs d’assistants parlementaires mis en place par son parti, le MoDem, lorsqu’elle était eurodéputée. L’affaire avait amené la Française à démissionner de son poste de ministre des armées, en juin 2017, un mois seulement après son installation. Pour tenter de clore le dossier, elle a récemment versé la somme de 45 000 euros au Parlement européen. Un « remboursement » qui sonne comme un aveu de culpabilité.
Mais c’est une autre affaire qui retient davantage l’attention des parlementaires européens. Durant son mandat d’eurodéputée, Sylvie Goulard a perçu une rémunération de plus de 10 000€ par mois du think-tank américain Berggruen, pour une mission qui reste opaque. Une pratique légale, mais peu morale, que devraient condamner de nombreux députés européens. Et ils disposent du pouvoir de la récuser. La menace est sérieuse. En 2009, à la suite des auditions du Parlement européen, la candidate bulgare avait été écartée, obligeant Sofia a proposer un nouveau nom. En 2014, la candidate slovène avait été jugée insuffisamment compétente avant d’être remplacée par un commissaire plus au fait des questions communautaires.
Les parlementaires LREM, qui la soutiennent, restent optimistes. Ils préfèrent mettre en avant les compétences européennes, que de nombreux parlementaires reconnaissent à Sylvie Goulard. Les députés LR français ont déjà fait savoir qu’ils s’opposeraient à sa candidature. L’audition de trois heures risque d’être tendue.
