Comme à chaque rentrée depuis 2010, Jean-Claude Juncker, donnait ce mercredi devant le Parlement européen, à Strasbourg, son discours annuel sur l’état de l’Union. L’occasion pour le président de la Commission européenne de revenir sur ce qui a été accompli au sein de l’Union européenne ces douze derniers mois et de donner le cap pour l’avenir.
Jean-Claude Juncker a tenu ce matin son discours sur l’état de l’Union devant un hémicycle clairsemé. Il a d’abord tenu à rappeler les choses accomplies par la Commission européenne durant l’année écoulée. De la bonne croissance économique de l’Union, en passant par la réduction du déficit public et à la création de huit millions d’emplois, Jean-Claude Juncker s’est félicité du travail effectué, et compte bien profiter de cette dynamique pour lancer de nouveaux chantiers.
De nouveaux accords de libre-échange, mais sans naïveté
« Oui, l’Europe est ouverte au commerce. Mais il doit y avoir de la réciprocité. Il faut que nous obtenions autant que ce que nous donnons ». Une fois de plus, Jean-Claude Juncker a affirmé son ambition de renforcer le programme commercial européen. Après avoir signé cette année le CETA (l’accord de libre-échange avec le Canada), qui sera appliqué dans les prochaines semaines, le président de la Commission européenne, compte bien continuer d’ouvrir les portes du commerce européen. Il espère en effet pouvoir faire de même avec le Mexique et l’Amérique du Sud. Des ambitions qui pourraient aller encore plus loin, puisque le Luxembourgeois a annoncé aujourd’hui vouloir conclure des accords commerciaux avec l’Australie et la Nouvelle-Zélande.
De nouveaux défis
Mais le but de ce rendez-vous annuel est avant tout de donner la direction à prendre pour les mois à venir. Jean-Claude Juncker a ainsi exposé des réformes politiques et institutionnelles nécessaires au bon fonctionnement de l’Union. Ainsi, pour assurer un marché du travail plus juste en Europe, le président de la Commission propose la création d’une autorité commune du marché de l’emploi. Quant au renforcement de l’Union économique et monétaire, il a souligné la nécessité de créer un poste de ministre de l’économie et des finances, sans créer de strate supplémentaire puisque « le commissaire aux affaires économiques et financières, devrait devenir ministre de l’économie et des finances. Il devrait aussi présider l’Eurogroupe ».
La lutte contre les cyberattaques est également apparue comme une priorité. 80% des entreprises européennes ont subi des incidents liés à la cyber-sécurité l’an passé. Pour endiguer ce phénomène, la Commission va même renforcer les outils déjà existants.
Mais le changement le plus important est la création d’un super Président. Dans un « souci démocratique », Jean-Claude Juncker souhaite en effet fusionner son poste avec celui de Donald Tusk, Président du Conseil européen. « L’Europe serait plus facile à comprendre s’il n’y avait qu’un capitaine à bord » a justifié le Luxembourgeois.
« Liberté, égalité et Etat de droit »
Le discours sur l’état de l’Union est également l’occasion de rappeler les valeurs fondamentales de l’Europe. « Pour moi l’Europe est plus qu’un marché unique. Plus qu’une question d’argent, plus que l’euro. L’Europe a toujours été une question de valeurs ». Le président de la Commission européenne a ainsi rappelé l’importance de la liberté d’opinion, aussi bien pour les citoyens que pour les journalistes. L’occasion pour lui de s’adresser directement à Recep Tayyip Erdogan : « Les journalistes doivent être dans des rédactions, pas en prison. Ils doivent être là où règne la liberté d’expression. Ce que je veux dire à ceux au pouvoir en Turquie est la chose suivante : libérez nos journalistes ».
Jean-Claude Juncker ne pouvait pas prononcer ce discours sans évoquer le Brexit. Le 30 mars 2019, l’Union européenne ne comptera plus que 27 membres, « ce sera un moment très triste et tragique. Nous regretterons toujours cette décision. Mais nous devons respecter la décision du peuple britannique ». Le 30 mars, une date qui montrera l’Union européenne sous un nouveau visage. Ce même jour, le président de la Commission européenne souhaite que Donald Tusk organise un sommet en Roumanie pour « prendre des décisions pour une Europe plus unie, plus forte et plus démocratique ».
V. Lerouge & B. Le Page