Quel renversement de tendance ! Distancé de plus de 10 points dans les sondages en août dernier, le SPD a finalement remporté les élections régionales dans le Land de Basse-Saxe, avec plus de 3 points d’avance sur la CDU. Les sociaux démocrates totalisent 36,9% des voix, contre 33,6% pour les chrétiens-démocrates, les autres partis sont loin derrière. Les populistes de l’AfD font leur entrée dans le parlement régionale, mais avec 6,2%, ils sont loin de leur moyenne nationale atteinte le 24 septembre dernier lors des élections fédérales. Pour le Tagesspiegel, ces élections ne sont « pas une catastrophe pour la CDU », et « un soulagement pour le SPD. « Elles ne vont pas changer les grandes lignes politiques. Mais cela annonce des jours plus difficiles pour Martin Schulz. En effet, dès que les bureaux de vote ont fermé, la trêve à l’intérieur du parti a pris fin ». L’ancien candidat à la chancellerie va devoir défendre sa campagne et son échec, tout en consolidant sa position de chef du SPD. Un succès régional pourrait ne pas suffire. A la CDU aussi, ce résultat aura des conséquences. C’est un échec net pour les chrétiens-démocrates et Angela Merkel va en être encore affaiblie, au plus mauvais moment pour elle : les négociations avec les Verts et les Libéraux en vue de constituer une coalition doivent commencer ce mercredi. Ça grogne de plus en plus dans les rangs de la droite allemande, et « derrière les portes fermées », la Bild explique ce matin comment un poids lourd de l’équipe comme Wolfgang Schäuble dit désormais tout haut ce qu’il pense de la situation et de la chancelière. Selon le quotidien populaire, celui est encore pour quelques jours ministres des Finances, a fait fi de la solidarité gouvernementale. « Il critique très durement en interne la campagne menée par la CDU. Pour Schäuble, ce fut une erreur de ne pas débattre de la ligne à adopter et de ne pas proposer une vision à long terme. Selon lui, présenter un projet pour la prochaine législature aurait du être au cœur de la campagne. » Le prochain président du Parlement considère aussi que la politique migratoire de la chancelière fut « sa plus grande erreur ».
L’extrême-droite aux portes du gouvernement en Autriche
C’est l’autre scrutin qui fait la une ce matin. En Autriche, les élections législatives anticipées ont consacré le très ambitieux Sebastian Kurz. A 31 ans seulement, l’actuel ministre des Affaires étrangères a emmené son parti, l’ÖVP, vers le succès. Les conservateurs totalisent 31,6% des voix, selon les estimations de la télévision autrichienne prenant en compte les votes par correspondance, pas encore dépouillés. Derrière, les sociaux-démocrates limitent la casse, avec un score égal aux dernières élections (26,9%). En troisième position, le FPÖ (extrême-droite) totalise 26% des voix, mais selon beaucoup d’analystes il aurait pu faire bien plus si les conservateurs n’avaient pas eu Sebastian Kurz comme candidat. Jeune, dynamique, et avec une ligne très à droite empruntant beaucoup de thèmes de l’extrême-droite, le candidat conservateur a réussi à stopper l’hémorragie d’électeurs de l’ÖVP vers le FPÖ. Les deux partis vont désormais négocier pour constituer une coalition gouvernementale. Et la perspective d’une entrée des populistes au gouvernement suscite aujourd’hui beaucoup moins de réactions en Europe qu’en 1999 lorsque le FPÖ de Jörg Haider avait déjà participé à une coalition gouvernementale. Les temps changent, les populistes autrichiens également. Le FPÖ a beaucoup œuvré pour se normaliser. Il co-dirige aujourd’hui deux régions dans le pays, dont l’une avec les sociaux-démocrates.
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