Nostalgique du Reich, xénophobe, hooligan: les nouveaux députés AfD passés au crible

Avec 93 sièges, l'extrême-droite fait son retour au Parlement allemand. Le parti AfD (Alternative pour l'Allemagne) refuse cette étiquette et rejette les critiques qui le décrivent comme une formation antisémite et xénophobe. Sauf que les déclarations de certains de ses membres indiquent clairement le contraire. Florilège.

Alexander Gauland, "fier des soldats de la Wehrmacht"

Pendant toute la campagne, Alexander Gauland a pris soin de choquer avec des déclarations à la limite de la légalité. Lors d’un meeting de l'AfD, Gauland avait annoncé qu’il voulait renvoyer en Anatolie la ministre germano-turque Aydan Özoguz, en employant un terme, entsorgen, que l'on utilise en allemand pour parler des ordures ménagères... Quelques jours plus tard, nouvelle déclaration et nouvelle polémique : Gauland veut “tirer un trait sur le passé nazi” de l’Allemagne et précise que “les Allemands ont le droit d’être fiers des prestations de [leurs soldats] pendant les deux guerres mondiales.”

Peter Boehringer: "le génocide des juifs [utilisé] pour pénaliser les Allemands"

Peter Boehringer est un adepte des théories du complot qui souhaite une société contrôlée par les élites. Il estime que “le génocide des juifs est souvent mis en avant comme un outil pour pénaliser les Allemands et leur Histoire”.

Stephan Brandner: "les Verts sont des violeurs d'enfants"

L’avocat de 51 ans préside le groupe AfD au Parlement régional de Thuringe. Brandner est connu pour ses propos injurieux envers ses concurrents. En 2016, il fut expulsé d’une session parlementaire après avoir qualifié Les Verts de “cocaïnomanes” et de “violeurs d’enfants”. Le député considère que l’ex-ministre de la justice Heiko Maas est “le fruit d’une union consanguine de la Sarre”. Quant à la chancelière Angela Merkel, il souhaite qu’elle se fasse emprisonner pour non respect de la législation sur le droit d’asile.

Petr Bystron, le nationaliste en conflit avec les anti-fascistes

Proche d’organisations nationalistes, Bystron fait l’objet de plusieurs enquêtes menées par l’office fédéral de protection de la Constitution. Le Munichois souhaite que les manifestations anti-fascistes soient interdites et que leurs membres violents soient arrêtés.

Markus Frohnmaier veut "faire virer tous les journalistes haineux"

À seulement 26 ans, le président des “Jeunes de l’AfD” fait son entrée au Bundestag. L’étudiant en droit et porte-parole d’Alice Weidel pendant la campagne s’exprime beaucoup sur Twitter. Début septembre, Frohnmaier avait défendu “sa chef” sur les réseaux sociaux. Weidel avait quitté le plateau de la ZDF en direct, énervée par les questions de la présentatrice Marietta Slomka. Frohnmaier avait alors publié une photo avec cette légende adressée à la journaliste: “Le 24.09 je te mettrai au chômage, chérie”.

Albrecht Glaser: "l'Islam n'a rien à faire en Allemagne"

Contrairement à ses collègues, Albrecht Glaser, 75 ans, se dit pour le droit d'asile. Cependant, les conditions sont aussi précises que délirantes. Glaser propose d’accueillir “tous les musulmans qui auront quitté l’Islam” et précise que “l’Islam n’a rien à faire en Allemagne”.

Enrico Komning, un partisan du port d'armes et de l'auto-défense

Avocat dans le Mecklenburg-Vorpommern, Komning a reconnu être membre de la “Rugia”, une organisation nationaliste et extrémiste, créée par des nostalgiques du régime nazi. Komning souhaite un assouplissement de la loi sur le port d’armes pour que “le peuple puisse se défendre d’une potentielle attaque terroriste”.

Martin Hohmann contre la mémoire de la Shoah

L’ex député au Bundestag de la CDU, Martin Hohmann est connu pour ses déclarations sur l'Holocauste. Il rejette tous les projets de mémoire en lien avec la Shoah. Déjà en 1999, Hohmann s’était opposé fermement à la création du Mémorial pour les juifs exterminés de Berlin.

Jens Maier veut en finir avec "le culte de la culpabilité" dans l'Histoire allemande

Juge dans la Saxe, Jens Maier est surnommé “le petit Höcke”, en référence au président de l’AfD dans la région de Thuringe. Maier a soutenu Höcke publiquement après qu’il se soit retrouvé au coeur d’une polémique. Höcke avait déclaré : “Le gros problème est qu’Hitler est présenté comme le mal absolu. Alors qu’on sait bien que dans l’Histoire, tout n’est pas blanc ou noir.” Maier publia sur Facebook la citation et ajouta : “Non sérieusement, qu’est ce qui est faux là dedans?” Il considère également l’entrée de l’AfD au Bundestag comme “l’un des plus grands succès politique depuis 1945” et souhaite que le “culte de la culpabilité [autour de l’Histoire allemande] cesse”. Maier a été un des premiers candidats AfD a affirmé qu’il était contre la politique d’immigration d’Angela Merkel : “C’est insupportable de voir toute cette évolution, cette instauration de peuples métissés pour éliminer les identités nationale.”

Thomas Seitz: "on devrait pouvoir appeler les personnes de couleur des nègres"

Pour l’avocat de Freibourg, né en 1967, la décision de la chancelière d’accueillir les réfugiés a annoncé “le début de l’extermination du peuple allemand”. Une citation plus ancienne témoigne également du penchant de Thomas Seitz pour la xénophobie. Il considère qu’il serait normal de pouvoir nommer à nouveau les personnes de couleurs, "des nègres".

Sebastian Münzmeier, le hooligan

À seulement 28 ans, Sebastian Münzmeier a déjà un beau palmarès ! Ancien membre du parti d’extrême droite “Die Freiheit”, Münzmeier fait également l’objet d’une enquête de l’office fédéral de protection de la Constitution. Élu dans la région de Rhénanie-Palatinat, il est accusé de faire partie du groupe de hooligans du club de football de Kaiserslautern et d’avoir participé à plusieurs rixes.