La nouvelle figure de proue de l'extrême-droite allemande intrigue

Tout ou presque dans la vie d'Alice Weidel semble à l'opposé des idées très conservatrices du parti populiste AfD, dont elle va pourtant défendre les couleurs aux prochaines élections fédérales.

Benjamine d’une famille de trois filles, un père agent commercial, une mère au foyer, Alice Weidel a grandi en Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Elle est allée étudier l’économie à l’université de Bayreuth. Son parcours croise ensuite les grands noms des entreprises internationales : Goldman Sachs, Allianz Global Investors… Elle travaille aussi plusieurs années pour la Banque de Chine avant de rentrer en Allemagne et de créer sa propre entreprise de conseil en 2011. Elle rejoint l’AfD en 2013.

Un parcours personnel très loin des idées de son parti

Sa vie personnelle, elle ne veut pas en parler publiquement… Alice Weidel vit en couple avec une femme, elles ont deux enfants, l’un de quatre ans, l’autre de trois mois. Le Spiegel s’interroge : « comment une lesbienne qui a deux enfants avec sa partenaire, peut-elle porter le discours d’un parti qui considère les homosexuels comme une « minorité bruyante » ? ». L’article relève un autre paradoxe entre ses convictions politiques d'aujourd'hui et sa vie antérieure : « comment une économiste qui a vécu des années en Chine et a travaillé dans des entreprises à l’échelle mondiale peut-elle faire battre le tambour d'un parti qui défend « l’identité » allemande et veut fermer ses frontières ? ». Est-elle « une femme d’affaire ou une populiste ? ».

Alice Weidel cultive aussi le mystère quant à ses finances. Récemment, la Neue Zürcher Zeitung am Sonntag a révélé qu’elle était inscrite à la mairie de Bienne en Suisse mais aussi dans la ville de ses parents à Überlingen dans le Bade-Wurtenberg. Selon le Tagesspiegel, on ne sait pas où est enregistrée sa résidence principale et sa réponse n’a pas été claire quand l’agence de presse allemande DPA lui a demandé où elle payait ses impôts…

Un tournant dans la ligne politique de l’AfD ?

Le 23 avril dernier, Alice Weidel a été élue tête de liste de l'AfD pour les élections fédérales du 24 septembre prochain, aux côtés d'Alexander Gauland, 76 ans, un représentant de l'aile dure du parti. Alors que l’ancienne cheffe de l’AfD, Frauke Petry, se retire de son poste, la ligne du parti se durcit autour d’un libéralisme économique pur et dur et d’une politique anti-immigration rigide. La FAZ rapporte ses propos au rassemblement du parti à Cologne fin Avril : « je soutien une politique libérale-conservatrice de l’AfD », c’est-à-dire libérale pour les questions économiques et conservatrice pour les questions de société, précise le journal.

Le parti populiste avait atteint 15% d’intentions de vote à l’automne 2016 mais il est aujourd’hui passé en 4ème position au dernier sondage de la Bild avec 7%. L’AfD souffre de divisions au sein du parti, de polémiques autour de propos racistes et nazis de certains élus et aussi du débat entre Martin Schulz et Angela Merkel qui prend beaucoup de place dans la sphère publique. Malgré ces nombreuses difficultés, Alice Weidel promet un avenir radieux à l’AfD dans son discours au congrès du parti : « l’AfD est là et nous sommes plus fort que jamais » affirme-elle.

 

Par Sibylle Aoudjhane