A la piscine, un code de bonne conduite pour les réfugiés

Suite à des incidents dans des piscines, certaines villes adoptent des codes de bonne conduite destinés aux réfugiés. Sous formes de bandes dessinées et traduites en plusieurs langues, ces avertissements font craindre une stigmatisation.

"Pas de harcèlement verbal ou sexuel contre les femmes habillées de quelque façon que ce soit." Voilà ce que l’on peut désormais lire sur des panneaux affichés dans la plupart des piscines de Berlin. Mais d’autres instructions sont données comme l’interdiction de nager en sous-vêtements, celle de pousser quelqu’un dans l’eau. Il est même indiqué que le lieu est dangereux pour… ceux qui ne savent pas nager.

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”Pas de harcèlement verbal ou sexuel contre les femmes habillées de quelque façon que ce soit.” © dpa

Une efficacité non démontrée

Ces avertissements ont d’abord été mis en place à Munich, en 2013, puis repris par d’autres municipalités allemandes. "Le principe de l’acceptation des femmes – quelle que soit leur façon de s’habiller – n’est malheureusement pas accepté par tous. C’est pourquoi nous l’avons explicité", réagissait ainsi le porte-parole de la société allemande des établissements de bains dans un article de la Berliner Zeitung.

Ces affiches viennent d’être adoptées par les piscines berlinoises, sous la même forme que celles de Bavière. Elles sont rédigées en six langues : allemand, anglais, français, arabe, Dari (langue afghane) et somali. Les dessins servent eux pour les analphabètes.

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"Pour les personnes ne sachant nager, l'eau est dangereuse !" © BBB

Interrogé sur l’efficacité de ces mesures, un employé des Berliner Bäder (l’organisme de gestion des piscines de la capitale) nous explique "qu’il y a de nombreux réfugiés qui ont besoin de ces avertissements. Il y a le problème avec le comportement envers les femmes, mais surtout, ils sont nombreux à sous-estimer les dangers de la profondeur du bassin. Certains sautent sans savoir nager par exemple.

Il reconnaît néanmoins que ces affiches ne sont pas idéales. ”Pour l’instant, nous avons pris celles qui existaient déjà à Munich. Nous sommes en train d’en préparer d’autres qui seront prêtes dans trois mois. Mais c’est un sujet politique très sensible. On ne peut pas cibler les réfugiés directement, on ne peut pas mettre des noirs sur ces bandes dessinées par exemple.

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"Les vêtements de tous les jours ne sont pas autorisés dans le bassin. Les maillots de bain sont obligatoires !" © dpa

Un dangereux précédent ?

Certains établissements sont allés plus loin. À Bornheim, près de Bonn, l’accès à la piscine a été interdit aux réfugiés masculins en janvier dernier. La raison ? Des agressions envers les femmes. Mais aussi des comportements inadaptés, des hommes qui se rasent ou se coupent les ongles dans le bassin, rapporte la Süddeutsche Zeitung.

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"Peut importe les vêtements de bain qu'une femme porte, elle doit être respectée !" © dpa

La municipalité a décidé de mettre en place une carte d'entrée spécifique pour les demandeurs d’asile. Ils ne peuvent l’obtenir qu’après avoir fait une séance sur la sécurité, l’hygiène et les règles de comportement dans une piscine.

Face à cette mesure radicale, des voix se sont élevées. Birgit Naujocks, responsable de l’association Flüchtlingsrat NRW (Conseil aux réfugiés) déclare qu’il s’agit d’une mesure illégale car elle vise un groupe entier. Pour le député du parlement régional de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, c’est une mesure discriminatoire et raciste. Et le journal s’interroge : comment reconnaît-on un réfugié ?

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Par Marc Taubert