Un quatre étoiles pour les réfugiés: l'étonnante histoire de l'hôtel de Bautzen

Les chiffres, en valeur absolue, sont impressionnants. L'Allemagne a accueilli l'année dernière près de 200000 demandeurs d’asile, un chiffre record qui place le pays en tête des pays européens. Les centres d’accueil sont tous débordés, et les autorités doivent faire preuve d’imagination pour trouver des solutions d'urgence.

Toutes les bonnes volontés sont donc sollicitées, comme celle de Peter Rausch, un hôtelier de Bautzen (Saxe). Il dirigeait l’établissement le plus luxueux de la région. On retrouve dans les méandres d'Internet des clichés de cette époque révolue. L'Hôtel de la Spree ciblait une clientèle d'affaires, les facilités pour tenir des séminaires étaient nombreuses, les prix attractifs. Mais les clients ne se bousculaient pas, la faillite menaçait.

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En juillet dernier, Peter Raush a répondu à un appel d'offres de la région, qui cherchait des solutions d'hébergement pour les demandeurs d'asile. Il a donc transformé son hôtel en centre d’accueil.  Financièrement l’opération est intéressante: il reçoit 13 euros par nuit et par personne de la part de l’État, avec un minimum de 150 occupants. Mais dans une région où un électeur sur quatre vote pour l’extrême-droite, cette reconversion n’a pas été simple... Alors que le centre n'était même pas ouvert, des manifestants se rassemblaient presque tous les jours devant ses portes, comme on le voit sur cette photo prise le 10 juillet 2014 par un membre du parti de gauche radicale Die Linke:

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Depuis, Peter Rausch a du barricader son hôtel. Non pas pour empêcher les réfugiés de fuir, mais pour les protéger des attaques venues de l'extérieur. La suite, nous vous la racontons dans ce reportage tourné avec Brice Boussouar et Micaela Werth:

L'Allemagne n'est pas prête de changer fondamentalement sa politique d'accueil des demandeurs d'asile, ils devraient être 300000 en 2015 soit 100000 de plus que l’année dernière. Une économie qui se porte bien, un chômage bas, une grande stabilité politique : l’Allemagne est un pays attirant, et pourtant les autorités sont sélectives : seules 18 % des demandes d'asile sont acceptées.

C’est peu et pourtant cela divise de plus en plus le pays. Les actes d’hostilité se multiplient, les discours se radicalisent comme on l'a vu avec le mouvement anti-immigration Pegida qui a rassemblé chaque lundi des milliers de personnes à Dresde. L’immigration est aujourd’hui en tête des préoccupations des Allemands, mais face à cela la chancelière Angela Merkel a été très ferme : elle a rappelé à plusieurs reprises que cela était une "chance" pour les Allemands et pour l’Allemagne.