NSA : L'Allemagne toujours sur écoute

La nouvelle affaire des écoutes a été révélée par le quotidien Bild.

La nouvelle affaire des écoutes a été révélée par le quotidien Bild.

Les services secrets américains continuent d'espionner l'Allemagne. Après le tollé suscité l'an dernier par l'affaire Snowden, le quotidien allemand Bild révèle une nouvelle affaire de mise sur écoute de 320 hommes politiques et industriels.

Le scandale ne les a pas fait cesser. A peine un an après qu'aient été rendues publiques les mises sur écoute de grande ampleur de la NSA, de nouvelles révélations viennent ébranler les relations diplomatiques entre l'Allemagne et les Etats-Unis.

Dans son édition du dimanche 23 février, le quotidien Bild affirme que 297 agents des services secrets américains sont encore déployés en Allemagne pour écouter 320 responsables politiques et économiques. Cette information proviendrait d'un employé de haut rang de la NSA.

Loin de nier les faits, la porte-parole du conseil de sécurité nationale américain (NSC) Caitlin Hayden a rappelé que si depuis l'affaire Snowden, les Etats-Unis s'étaient engagés à ne plus surveiller "les communications de chefs d'Etat et de gouvernement" alliés, ils continueraient de "collecter des renseignements sur les intentions des gouvernements".

  • Tollé en Allemagne

La révélation de ces nouvelles écoutes a suscité une crispation en Allemagne. Pour le pays qui a connu deux dictatures successives (nazisme et communisme), le respect de la vie privée est un sujet sensible.

Le ministre des affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier a mis Washington en garde dans l'hebdomadaire Der Spiegel, indiquant que "L'espionnage pourrait avoir un prix politique". Selon lui, cette affaire a créé une "véritable fracture" entre les Etats-Unis et l'Europe. Steinmeier fait aussi savoir qu'il souhaite vivement s'entretenir avec son homologue américain John Kerry.

Les journaux Allemands ont largement repris l'information. Pour der Spiegel, mettre fin à cet espionnage systématique devra forcément passer par un développement du contre espionnage. Après enquête, l'hebdomadaire estime que le gouvernement fédéral en a les moyens.

Pour le quotidien die Welt, l'affaire montre à quel point "l'équilibre entre liberté et sécurité n'a pas évolué de la même manière aux Etats-Unis qu'en Allemagne".

  • Thomas De Maizière en ligne de mire
Le ministre Thomas De Maizière est très proche d'Angela Merkel.

Le ministre Thomas De Maizière est très proche d'Angela Merkel.

Parmi les politiques allemands espionnés par la NSA, un nom ébranle particulièrement l'opinion : celui de Thomas De Maizière, ministre de l'intérieur et proche d'Angela Merkel.

Déjà mis sur écoute l'an dernier, alors qu'il occupait le poste de secrétaire général de l'OTAN, à présent, c'est pour sa proximité avec la chancelière que le ministre - également en charge du contre-espionnage - fait part de toutes les attentions américaines.

Caitlin Hayden justifie cette écoute : "Nous voulons nous assurer que c'est un allié fiable". De Maizière est surtout une source d'information capitale pour les services de renseignements américains qui sont aujourd'hui interdits de surveiller directement Angela Merkel. Le ministre est en effet un fidèle conseiller de la Chancelière, avec qui il s'entretient régulièrement par téléphone.

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  • Cinq dates clés

17 mai 2013. Début de l'affaire Snowden. L'ancien agent de la CIA révèle l'existence de Prism, un programme de surveillance de la NSA. Il permet à l'agence américaine d'avoir accès aux serveurs de géants du Web, comme Google ou Facebook et d'intercepter les messages du monde entier.

19 juin 2013. Visite de Barack Obama à BerlinLe président américain tente de convaincre que son pays respecte le cadre légal et que les écoutes servent uniquement à lutter contre le terrorisme.

29 juin 2013. Nouvelles révélations dans l'affaire Snowden. Le magazine allemand Der Spiegel révèle un nouveau volet du scandale : Prism aurait également servi à espionner des responsables de l'Union européenne, dont l'Allemagne particulièrement.

17 janvier 2014. Discours d'Obama sur les modifications des services de renseignements. Le président garantit qu'Angela Merkel ne sera plus surveillée mais la NSA poursuivra ses surveillances à l'étranger.

31 janvier - 2 février 2014. Conférence internationale de Münich sur la sécurité. Les reponsables politiques allemands parlent "d'abus d'espionnage" de la part des américains, des termes forts et peu habituels dans les discours diplomatiques.

Article : Marine Ditta