Démission du Président Christian Wulff

Dès 8h30 les camions de télévision étaient déjà là, alignés au bord de la route. Devant l’imposante façade du château Bellevue, la Présidence de la République Fédérale qui borde la forêt de Tiergarten, les journalistes et les photographes avaient ce matin remplacé « l’homme à la pancarte », un berlinois anonyme qui depuis plusieurs semaines se positionne régulièrement devant les fenêtres de Christian Wulff avec cette inscription « Wulff muss weg » (« Wulff doit partir »).

Christian Wulff n’a donc pas résisté à la pression. A 11h il est entré dans la grande salle du château. Costume noir et visage sombre. A ses côtés son épouse Bettina était habillée de la même couleur. Quelques heures auparavant, le parquet de Hanovre, capitale de la Basse-Saxe, avait requis la levée de l’immunité présidentielle. Une première en Allemagne.
Christian Wulff, que la chancelière Merkel avait difficilement fait élire il y a moins de deux ans a un poste essentiellement honorifique, puisqu'il doit représenter l’autorité morale de l’Allemagne. Dans son allocution, il a admis que la "confiance" de ses citoyens était "affectée". Le journal Bild lui reproche de ne pas avoir présenté ses excuses.

Etonnante démocratie. Le président démissionne pour avoir profité, avant son élection, des petites faveurs que les hommes politiques n’ont pas toujours le courage de refuser: sur-classement dans les avions, vacances chez de riches amis, hôtels payés par un proche, crédits à taux préférentiels, pression sur des journalistes, etc.
Pour la presse allemande il a détruit la fonction. Selon un récent sondage, 77% des Allemands estiment que l’image du président était abîmée et 48% voulaient sa démission,
Angela Merkel se retrouve dans l’obligation de lui trouver un successeur et veut mener les discussions conjointement avec les partis de l'opposition, le parti social-démocrate (SPD) et les Verts pour trouver un "candidat commun".
La manœuvre est habile. Son parti, la CDU, ne dispose plus de la majorité à la Chambre haute du Parlement, le Bundesrat et ses partenaires libéraux, le FDP, sont au plus bas dans les sondages.
Le président de la République est élu par le Parlement réuni en Congrès.
Cette volonté d'ouverture laisse les portes ouvertes à l’hypothèse d’une grande coalition droite gauche en 2013 à l’occasion des élections législatives.
Ce soir trois candidats sont en lice :
Joachim Gauck (Spd)
Thomas de Maizière (Cdu)
Klaus Töpfer (Cdu)

 

[Mise à jour du 18 mars 2012 : Joachim Gauck est élu Président de la République fédérale d'Allemagne]