Yakari au cinéma : 4 bonnes raisons pour y emmener vos enfants

Projection du film Yakari en présence du réalisateur Xavier Giacometti (Paris, juillet 2020).

Yakari est un jeune petit Indien qui connait depuis 5O ans un succès sans faille en BD. Pour la première fois, il passe au grand écran avec un film d’animation qui reprend fidèlement l’esprit de la série.

1- Une BD vendue à 5 millions d’exemplaires

Derib le dessinateur et Job le scénariste pensaient n’en faire qu’un album. Ses premières aventures furent publiées dans un hebdomadaire suisse pour adolescents, Le Crapaud à lunettes. Yakari va connaître ensuite plusieurs éditeurs et passera en épisode dans le Journal de Tintin et Pif. La série est récompensée deux fois à Angoulême en 1982 et 2006. Ses planches et son univers ont fait l’objet de plusieurs expositions dont Folklorique enfance, fantastique enfance, remarquable présentation à Angoulême cette année pour le Festival international de la bande dessinée. Traduit en 23 langues, Yakari plait beaucoup en Allemagne où il a même connu une adaptation en comédie musicale Yakari – Freunde fürs Leben. Le film est d’ailleurs une coproduction franco-belge et allemande. Un 41e album est attendu en octobre avec toujours Derib au dessin et le réalisateur du film Xavier Giacometti au scénario. Yakari a le succès qui dure.

2- Une adaptation validée par les créateurs de la BD

Dans de dernières adaptations de BD au grand écran, on a vu Spirou devenir voleur déguisé en groom  (Les Aventures de Spirou et Fantasio réalisé par Alexandre Coffe) et Gaston stagiaire dans une start-up (Gaston Lagaffe de Pierre-François Martin-Laval). Pas de ça ici. Yakari n’a rien sacrifié aux charmes tout relatifs de la modernité. Il reste un petit Sioux sans téléphone portable ou skate-board. L’histoire se situe comme dans la BD avant l’arrivée des blancs. Yakari chevauche des mustangs et ne connaît pas le fusil. Le film reprend des éléments du premier album, moment où Yakari découvre son don, celui de communiquer avec les animaux. Derib était à la fois enthousiaste et méfiant concernant le passage au cinéma de son personnage : « On rêvait d’une adaptation en film, mais on voulait quelque chose qui porte l’essence de Yakari : un message d’amitié, de respect des animaux et la découverte d’un univers au travers des yeux d’un enfant. Ce film est une consécration ».

3- Derib, un grand maître du 9e art

Derib est le véritable créateur de Yakari avant sa collaboration Job, futur scénariste de la série. Il esquisse les premiers dessins du petit Indien en 1964 entre deux planches des Schtroumpfs alors qu’il travaille au studio de Peyo. A 76 ans, le Suisse Claude de Ribaupierre alias Derib n’est pas que le dessinateur de Yakari. Dans un style plus réaliste, il est l’auteur au dessin comme au scénario de la série Buddy Longway. Un western qui n’oublie pas les Amérindiens. Buddy Longway est un trappeur qui va fonder une famille avec Chinook, une Sioux. On y retrouve tout ce qui passionne l’auteur, la nature, les Indiens, les chevaux, la famille. Derib choisit au fil de la série de faire vieillir ses héros. Ils connaissent des joies, des drames, la violence et la mort. Une BD qui vous transporte loin au Far West et vous ramène au réel, presque au quotidien à travers les sentiments partagés par les personnages. Buddy Longway est à mon avis un chef d’œuvre de la bande dessinée, graphiquement aussi. Les éditions du Lombard proposent l’intégrale en six volumes de la série publiée initialement de 1976 à 2006.

Derib, le dessinateur de Yakari (Paris, Salon du livre, mars 2014). Photo © Francis Forget.

4- Yakari un des premiers héros écolo

Yakari n’est pas un super héros. Derib le répète souvent lors des interviews. Il est très éloigné des super-héros américains technophiles et baignant dans un monde capitaliste. Yakari vit simplement dans la nature. Il a un don, il parle aux animaux mais il n’a pas vraiment de pouvoir. Il est un enfant de moins de dix ans au sein d’une tribu avec sa hiérarchie, son organisation, ses codes et ses règles. Il est respectueux de son environnement, des gens et des animaux. Dans le film, le jeune Sioux a fort justement une relation d’échange et pas de domination avec son cheval mustang Petit Tonnerre. Mais il lui arrive de se tromper, de commettre des erreurs et d’apprendre. Cette vision écolo de la vie, Yakari et ses créateurs l’ont eu un demi-siècle avant beaucoup de monde. Est-il un précurseur du monde d’après ? « Les valeurs de Yakari vont revenir : il faut oublier de réussir sa vie, de gagner de l’argent et retourner vers l’essentiel », confiait Derib récemment à l’AFP.