Le prix : Come Prima d’Alfred qui a reçu le titre prestigieux de meilleur album au Festival d’Angoulême. Le privé, c’est Pinkerton, série de Damour et Guérin sur le créateur d’une redoutable agence de détectives aux Etats-Unis au milieu du XIXe siècle. Et le manga, Wet Moon, signé du génial Atsushi Kaneko, pour un polar moite et intrigant.
Le Fauve d’or. C’est le prix qui récompense le meilleur album de l’année pour le jury du Festival d’Angoulême. Le gagnant, cette année, est un album joliment coloré. Come prima nous emmène, dans les années 60, de la France à l’Italie avec deux frères. Pas d’entente fraternelle entre Fabio et Giovanni que la vie, les choix et les caractères ont poussé vers des chemins très éloignés. Pourtant, ils vont faire route commune pour rapporter en terre natale une urne, celle qui contient les cendres de leur père. Le meilleur album? Peut-être pas mais une bonne bande dessinée qui dévoile plaies et gerçures familiales au fil des kilomètres avalés par la Fiat 500 transportant les deux frangins. Il manque juste, à mon goût, un peu plus de subtilités et de contradictions dans les profils psychologiques des deux principaux protagonistes pour en faire un vrai fauve tout en or.
Lui fût redoutable: Pinkerton, prénom Allan. Il est le véritable fondateur en 1850 d’une agence de détectives privés qui compte aujourd’hui près de 50 000 employés.«We never sleep », "Nous ne dormons jamais" est la devise de la Pinkerton National Detective Agency. Et s’ils ne dorment jamais, c’est peut-être parce-qu’ils font des cauchemars. Dans leur série, Damour au dessin et Guerin au scénario nous dressent le portrait de détectives dont la fin l’emporte largement sur la méthode. Dans la famille Pinkerton, on n’hésite pas à tuer ou à torturer pour la "bonne cause". Le premier tome est consacré à la poursuite de Jesse James, le deuxième à la tentative d’assassinat à l’encontre d’Abraham Lincoln. La série BD se base sur des faits réels sans pour autant prétendre être une biographie. Libre interprétation, au style graphique classique et efficace, des faits d’armes de ces justiciers ambigus.
Vous n’aimez pas les mangas? Lisez-le et vous changerez d’avis. Wet Moon est un très bon polar inquiétant, obsédant, étouffant même. Le cadre : une station balnéaire au Japon dans les années 60. Le héros: Sata, jeune flic, handicapé par un éclat métallique logé dans son crâne. Victime d’hallucinations, il oublie, doute et transpire. Dans une histoire de meurtre, il perd la trace d’un témoin capital, une jeune femme. L’enquête débute, l’obsession avec. Sata placarde la ville d’affiches pour retrouver la femme. Il s’accroche à cette traque comme pour éviter l’abîme de son amnésie, de ses hallucinations. La ville est poisseuse, les flics autour de lui corrompus. Sata est seul, perdu au milieu de lui et des autres. Dessins, cadrages et découpages sont impeccables dans le premier tome de cette série prévue en trois volumes. Il vous feront perdre, si vous en avez, tous les préjugés sur la BD nippone.