Le tourisme tunisien a connu une nette relance en 2017, mais ses résultats restent en deçà de ceux de 2014, avant la série d'attentats djihadistes qui avaient ravagé le secteur, a affirmé la ministre du Tourisme, Salma Elloumi. Autrement dit, si elle va mieux, l’activité n’est forcément sortie du marasme.
Ce secteur vital de l'économie avait tout d'abord souffert des troubles qui avaient suivi la révolution de 2011. Il avait ensuite plongé à la suite des attaques du musée du Bardo et de Sousse, en mars et juin 2015 (60 morts dont 59 touristes étrangers), revendiquées par le groupe Etat islamique (EI).
Après une amélioration de la sécurité tout au long de 2016, 2017 a constitué «une année de relance réelle pour le tourisme tunisien», estime Salma Elloumi, en marge d'un séminaire de l'Office national du tourisme tunisien (ONTT). «Nous avons repris notre place dans les marchés traditionnels, le marché européen essentiellement, et le marché français en particulier», a-t-elle ajouté.
A fin novembre, les recettes touristiques se sont élevées à 2,6 milliards de dinars (environ 880.000 euros), en hausse de 16% par rapport à la même période de 2016, selon les chiffres officiels de l'ONTT. En terme d'entrées, la hausse atteint 23%, avec 6,4 millions de visiteurs. Cette performance est toutefois moindre que celle de 2014, année durant laquelle 6,7 millions de touristes au total avaient visité le pays.
Parmi les quelque 1,631 millions d’Européens qui se sont rendus en Tunisie sur les 11 premiers mois de 2017, les Français arrivent en tête, avec 535.000 visiteurs (+46,8% sur un an), suivis par les Allemands (plus de 173.000).
Dans le même temps, plus de 3,4 millions de touristes maghrébins ont visité le pays en 2017, dont plus de deux millions d'Algériens (+42%).
Le conjoncturel vaincu par le structurel ?
Cette relance a été obtenue grâce à une «reprise de confiance» des voyageurs, moins inquiets des risques sécuritaires, a affirmé la ministre. «La sécurité a atteint un niveau plus qu'acceptable et nous avons obtenu la levée de toutes les interdictions (de voyage, Ndlr) sur la Tunisie», a expliqué Salma Elloumi. Les autorités britanniques ont ainsi décidé de lever l’interdiction, pour leurs ressortissants, d’aller dans le pays. Interdiction instaurée suite à l’attentat de Sousse en juin 2015 (38 morts, dont 30 Britanniques). Notamment attirés par les «prix cassés», certains sujets d’Elisabeth II n’avaient d’ailleurs pas attendu cette levée et faisaient «des détours» pour s’y rendre…
Pour autant, l’activité touristique tunisienne semble ne pas être sortie définitivement du marasme. Malgré cette reprise «importante», les chiffres n'ont pas encore atteint ceux de 2014, et encore moins ceux de 2010 (avant la révolution de 2011), a-t-elle reconnu. Pour Zouhair Chaabani, représentant de l'ONTT pour le «marché» italien, le tourisme tunisien souffre encore «d'une image dégradée depuis les attentats de 2015, et de l'image d'instabilité du monde arabo-musulman».
Mais comme l’expliquait Géopolis dès 2015, le malaise du tourisme tunisien n’est pas uniquement lié aux attentats, et à la conjoncture en général. Il est également structurel. Globalement, la situation est liée au choix du tourisme balnéaire de masse fait il y a plusieurs décennies. En Europe occidentale, la Tunisie a souvent la réputation d’une destination pour une clientèle qui recherche le soleil et la plage à bas prix.
L'activité touristique, qui a représenté jusqu'à près de 10% du PIB, pèse aujourd’hui moins de 7%, selon des statistiques officielles tunisiennes. Un grand sujet de préoccupation pour un pays dont l’économie va très, très mal…