Les Tunisiens se préparent au scrutin historique du 23 octobre qui permettra l'élection d'une assemblée constituante... Premières impressions d'un journaliste tout juste arrivé de Paris à Tunis pour y observer la naissance de la démocratie. (Publié le 17-10-2011)
A l'aéroport de Tunis, plusieurs bureaux de l'Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) ont été installés pour «l'accueil des hôtes étrangers et des observateurs». Et dans la ville, de grands placards publicitaires incitent les citoyens à faire leur devoir électoral le 23 octobre.
«C'est un moment historique pour la Tunisie. Depuis la révolution, ce pays a réussi un parcours sans faute», commente la charmante hôtesse de l'ISIE qui accueille au siège de l'Instance, rue Ibn Eljazzar, dans le quartier de Lafayette, les représentants des médias étrangers venus chercher leur accréditation.
«On voit arriver des gens du monde entier : du Népal, des Etats-Unis, du Canada, d'Europe et de France, bien sûr. Rien que ce matin, j'ai reçu une trentaine de personnes», poursuit la jeune femme. A tel point que l'Instance semble un peu dépassée par son succès : de nombreux journalistes viennent apparemment aussi pour se plaindre de ne pas avoir reçu le sésame des autorités. «On a eu des retards d'impression et un problème de serveur», explique un responsable.
Et les Tunisiens, que pensent-ils de la situation ? «Il faut savoir terminer une révolution. Les élections sont l'occasion de mettre les points sur les i», estime un jeune homme qui dit travailler avec des représentants d'Arte.
En clair, on va pouvoir passer à autre chose. «Nous pouvons être fiers de ce que nous avons fait. Nous avons montré l'exemple à tout le monde arabe», déclare, radieux, un chauffeur de taxi qui confesse avoir peur du retour des partisans de Ben Ali, le président déchu. Notre homme explique qu'il votera pour les islamistes d'Ennahda, donnés favoris du scrutin.
«Ce sont les seuls à être respectueux de la religion», dit-il joliment. Et de poursuivre : «La centaine d'autres partis, ils se sont tous corrompus avec l'ancien régime. Pas ceux d'Ennahda : 30.000 d'entre eux ont été emprisonnés par Ben Ali», tient-il à préciser.