Le blog Trans'Europe Extrêmes se rend pendant la campagne des élections européennes dans cinq pays où la droite populiste et europhobe est en plein essor. Deuxième étape : le Royaume-Uni.
"La politique européenne au travail." Cette phrase, écrite à gauche d'un ouvrier en train de mendier dans la rue, s'étale sur des affiches de près de 10 mètres de large un peu partout en Grande-Bretagne. Une autre demande : "26 millions de personnes cherchent un travail dans l'Union européenne, à qui veulent-ils le prendre ?" La réponse est fournie dans le même temps par un doigt pointé sur la personne qui lit le panneau.
Immédiatement taxée de raciste, la campagne publicitaire de Ukip (United Kingdom Independence Party), 1,5 million de livres (1,8 million d'euros), est financée par le richissime Paul Sykes, qui a fait fortune dans l'immobilier. "Elles ne sont que le reflet de la dure réalité" des travailleurs britanniques, s'est défendu Nigel Farage, leader du parti eurosceptique. Mais il a failli être pris à son propre piège. L'eurodéputé emploie en effet sa femme, allemande, en tant que secrétaire parlementaire. "Personne d'autre qu'elle peut faire ce travail", s'est-il justifié en expliquant qu'elle répondait aux e-mails depuis leur domicile jusque tard dans la nuit, détaille The Independent (lien en anglais). "Hypocrite", estiment 44% des personnes interrogées par Yougov pour le Sunday Times, dimanche 27 avril.
L'hebdomadaire a levé un autre lièvre : dans son complexe immobilier de luxe Residence 6 à Leeds, Paul Sykes emploie 40% d'étrangers, de l'hôtesse d'accueil lituanienne au manager des équipes, portugais. Une "découverte" pour le magnat britannique, qui explique avoir délégué à un prestataire de service, mais jure que ces employés n'ont pas été choisis "car ils coûtaient moins cher".
Pas de quoi entamer l'ascension du parti eurosceptique pour autant. Le même jour, il était donné pour la première fois en tête aux élections européennes avec 31% des voix. Trois points devant les travaillistes, avec un meilleur score que les deux partis actuellement alliés au sein du gouvernement, les conservateurs (19%) et les libéraux démocrates (9%). Dans les allées du meeting de lancement de campagne de Nigel Farage, à Portsmouth, le 28 avril, l'immigration était le sujet de préoccupation numéro 1 des citoyens "venus voir ce qui se dit", comme des militants.