Pas facile à imaginer quand on vient d'un pays comme la France, qui possède une longue tradition d'immigration. Mais en Finlande, à l'extrémité Nord de l'Europe avant des kilomètres de glaces, le sujet, très nouveau, est créateur de malaises étonnants. Simplement car il ne fait pas partie du quotidien des citoyens.

C'est cette femme d'origine estonienne, qui tant physiquement que du point de vue de la maîtrise de la langue, se fond dans le paysage. Et qui me raconte adorer provoquer des moments de flottement à chaque fois qu'elle commence une phrase par "en tant qu'immigrée". Y compris au sein de sa belle-famille finlandaise, qui dissertait sur les "enfants d'immigrés" alors qu'elle était enceinte. Son mari blague : "Tu sais maman, nous aussi on attend un 'enfant d'immigrée'" .. Silence. "Impossible pour ma belle-mère, pourtant très ouverte, de définir son futur petit-fils comme 'enfant d'immigrée'."

C'est aussi cette scène, dans un restaurant d'Helsinki tenu par un Algérien, arrivé en Finlande en 1985, et qui me parle en français. La table voisine - trois couples de finlandais de dépliants touristiques, trentenaires, blonds, beaux et chics - plaisantent avec lui. Et enchaînent :

- Vous êtes Français ?
- Non, je suis de Oulu (la première ville du nord de la Finlande où il a habité 20ans)
-... silence embarrassé...

J'aurais presque entendu les rouages de leur cerveau "mais comment un Arabe est né à Oulu."
Éclat de rire général au bout de quelques secondes, patron du restaurant compris, et la discussion a repris dans la bonne humeur.

Ce post marque la fin des aventures en Finlande. Merci à Jean-Pierre Frigo pour son aide précieuse, ses conseils, ses traductions et les 1 400 km avalés pendant que j'écrivais les articles l'ordinateur calé entre mes genoux et la boîte à gants.

Prochaine étape, le Royaume-Uni.