Dans la famille "eurosceptiques"…

Quelque 70 à 80 partis se disputent le créneau de l'anti-européisme dans les 28 pays membres de l'Union européenne. De gauche comme de droite, des plus extrêmes aux plus policés. Ce blog va à la rencontre de certains de leurs électeurs et responsables en Finlande, au Royaume-Uni, en Allemagne, en Italie et en Hongrie. Avant le départ, voici une petite typologie des eurosceptiques.

Les eurocritiques

Essentiellement forts dans le sud de l'Europe (Grèce, Espagne, Portugal…), marqué par les mesures d'austérité, les partis de la gauche de la gauche sont également bien représentés dans les pays de l'ancien bloc soviétique. De Die Linke en Allemagne au Bloc de gauche au Portugal, en passant par le Verts nordiques, le Parti communiste de Bohême et Moravie en République tchèque ou le Front de gauche en France, ils rejettent la construction européenne actuelle mais pas l'idée d'Europe, qu'ils voudraient voir construite comme rempart au capitalisme.

"Ils sont majoritairement non-violents et modérés dans leur pratique politique même si leur projet est radical", précise Patrick Christian Moreau, historien spécialiste des extrémismes en Europe.

Les anti-européens démocratiques

Issus du champ conservateur, ces partis sont souvent récents et leur organigramme est léger. Accusant l'Union européenne d'entraîner la décadence essentiellement économique de leur pays, ils respectent le jeu démocratique. C'est le cas de l'Alternative für Deutschland (AFD) et de ses militants, qui veulent que l'Allemagne sorte de l'euro. Créé très récemment, ce petit parti commence à être entraîné vers l'extrême droite par quelques-unes de ses figures de proue. Les partisans de l'United Kingdom Independence Party (UKIP) de Nigel Farage, eurosceptique au royaume des eurosceptiques, sont aussi tiraillés entre système et anti-système, mais leur succès annoncé étouffe pour le moment les divisions.

Les anti-européens de droite radicale ou d'extrême droite

Tous veulent le retour à l'Etat-nation, l'instauration de la priorité nationale et ont un discours très dur sur l'immigration non-européenne, qu'ils rejettent en bloc. Du FN au FPÖ autrichien en passant par les Démocrates suédois (au nom trompeur), tous ont entrepris la dédiabolisation de leur parti avec plus ou moins de succès. En Hongrie, par exemple, les durs de durs du Jobbik, "Mouvement pour une meilleure Hongrie", un parti ultranationaliste, anti-Roms et antisémite, commencent à porter le costume-cravate et à ranger les matraques. "Ces partis, présents dans tous les pays d'Europe, sont tous anti-démocratiques, mais des différences sont à établir entre eux en termes de degré d'extrémisme", souligne Patrick Christian Moreau.

Les frontières sont toutefois ténues entre tous ces groupes, et certains font le grand écart. Les "Vrais Finlandais" de Timo Soini, par exemple, dont le parti est écartelé entre extrême droite, certain membres enchaînant les dérapages au sujet des minorités, et promotion de l'Etat-providence. En Italie, le leader charismatique et populiste Beppe Grillo, "attrape-tout", vient rogner sur l'électorat de la Ligue du Nord, historiquement dressée contre les élites de Bruxelles au même titre que celles de Rome, accusées - entre autres - d'appauvrir les travailleurs du nord du pays, pourtant grands bénéficiaires des échanges intra-européens, pour aider les "fainéants" du Sud.

 

Publié par Souriez vous êtes soignés / Catégories : Finlande