Arrêt technique sur la route vers le Nord du pays, qui se dépeuple et dont quelques villes vivent des tensions avec des minorités non-européennes propices aux "Vrais Finlandais". On est quelque part entre Rusinvirta et Lepikkomäki. Rien à l'horizon que des kilomètres de forêt mi-bouleaux mi-sapin parsemée de lacs. Dans la micro station service en bois, aux fenêtres encadrées de rideaux ondulés, Pauli, Jukka et Heino, bucherons, dissertent de la meilleure façon d'élaguer une zone en lisière de plans d'eau. Et des soucis de voitures du médecin du cru qu'on entend venir de loin depuis que son moteur déconne.
L'Union européenne ? Ils ont voté "pour" en 1994. Et ils revoteraient "pour" aujourd'hui encore. D'un seul homme. La patronne du café aussi, une fesse posée sur son tabouret derrière ses présentoirs de chewing-gums, l'éternelle cafetière filtre posé sur sa base chauffante. Tout leur va, l'euro, le marché commun qui favorise les exportations. "La libre circulation des hommes et des marchandises", rien à redire. "Il y a plus d'avantages à être dedans que dehors", résume Pauli.
Je ne m'y attendais pas. D'après le discours des députés Perussuomalaiset qui expliquent qu'ils représentent ces Finlandais du terroir, brimés par des décisions de Bruxelles contraires à leurs pratiques, Pauli, Jukka et Heino auraient du être les eurosceptiques.