Encore un de chute ! Député européen et ancien secrétaire national d'Europe écologie-Les Verts (EELV) de juin 2012 à novembre 2013, Pascal Durand rompt avec le parti écologiste. "Je ne reprends pas ma carte et je ne la reprendrai pas", confie-t-il au site du Parisien. Pas de divorce bruyant donc, mais plutôt l'expression d'une lassitude face à la cuisine interne.
Tête de la liste EELV en Ile-de-France et pour les Français de l'étranger aux élections européennes de mai 2014, Durand a décidé de rejoindre Nicolas Hulot. Ironie - ou répétition ? - de l'histoire, il avait été son directeur de cabinet lors de la primaire écologiste pour l'élection présidentielle de 2012 qui avait vu la victoire d'Eva Joly. Le score final de cette dernière avait été un fiasco : 2,28%.
Durand, qui veut "redynamiser le débat et l'écologie", sera peut-être aidé dans cette entreprise par Jean-Paul Besset, ex-eurodéputé vert, ancien journaliste du Monde et ex-militant trotskiste qui, lui aussi, a quitté EELV. Besset avec déjà fait cause commune avec Hulot au cours de la préparation de la présidentielle de 2012.
Le parti vert ne sait plus très bien où il habite
Ces départs réalisés sur la pointe des pieds s'ajoutent aux ruptures plus fracassantes qui ont émaillé la vie du parti écologiste à la fin 2015. Successivement, François de Rugy, co-président du groupe écologiste de l'Assemblée nationale, et Jean-Vincent Placé, président du groupe écologistes du Sénat, avaient claqué la porte d'EELV. Ils dénonçaient alors, plus ou moins explicitement, une "dérive gauchiste" du mouvement.
Depuis la décision de Duflot de quitter le gouvernement au moment de la nomination de Manuel Valls à Matignon, en mars 2014, le parti vert ne sait plus très bien où il habite. Il est tiraillé entre ceux qui ne veulent pas rompre avec le Parti socialiste et ceux qui, au contraire, "oeuvrent" pour une alliance avec le Front de gauche. Entre les deux tendances, Emmanuelle Cosse, la patronne d'EELV, veut jouer la carte de l'autonomie.
Cet imbroglio sur la ligne politique a rendu illisible la position du parti lors des dernières élections régionales. L'alliance d'EELV avec le Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon mais sans le PCF dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie a mis le feu aux poudres. C'est elle qui a enclenché le départ du parti d'une fournée de parlementaires. Ce mariage électoral de circonstance s'est avéré peu productif car la combinaison EELV-PG a recueilli moins de 5% des voix.
Un nouveau pôle écolo est en cours de formation
Une alliance du même genre s'est révélée aussi peu efficace en Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA) : là, elle a totalisé 6,5% des suffrages. Non seulement ces scores étaient nettement inférieurs au poids électoral du regroupement des formations politiques en cause mais en plus ils ont évincé les écologistes des bancs des deux assemblées régionales. Les socialistes n'y sont, eux aussi, plus représentés en raison du retrait de leurs listes au second tour.
La méfiance réciproque qu'entretiennent Duflot et Mélenchon, l'un vis-à-vis de l'autre, n'arrange rien. Il ne fait guère de doute que l'ancienne ministre du logement des gouvernements Ayrault se prépare pour la prochaine présidentielle. Comme son "rival" du Parti de gauche. Si Duflot, doit faire face aux départs au fil de l'eau d'EELV, de parlementaires - Barbara Pompili vient de créer son propre mouvement - et de cadres verts, Mélenchon, pour sa part, doit gérer la dégradation de ses relations avec le PCF.
La situation est sans doute plus complexe pour la désormais co-présidente du groupe écolo de l'Assemblée car un nouveau pôle écologiste concurrent est en cours de formation depuis des mois. Il cache à peine son ambition de "raccrocher les wagons" avec le PS. Et, à terme, probablement, d'entraver une candidature de Duflot en 2017. Asphyxiée petit à petit et progressivement privée de troupes, cette dernière parviendrait-elle alors à résister à un concurrent écologiste, plus populaire et plus enclin au rapprochement avec Hollande ? Les grandes manoeuvres vont commencer !