Une nouvelle année de catastrophes électorales s'annonce pour les socialistes ! Elle serait dans la continuité de 2014 qui a vu la gauche subir deux revers électoraux cinglants aux municipales et aux européennes. Les 22 et 29 mars 2015, les électeurs se rendront aux urnes pour les élections départementales (anciennes cantonales). Puis, en décembre, ils y retourneront pour élire les conseillers régionaux. La gauche s'attend au pire !
Actuellement, elle dirige 60 des 101 départements, dont Paris où il n'y aura pas de scrutin car le conseil municipal de la capitale est aussi conseil général de la ville-département. Le PS se taille la part du lion avec 49 présidences, devant le PRG (4), le PCF (2) et les Divers gauche (2) auxquels s'ajoutent la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane, ce dernier département étant géré par les indépendantistes. La droite et le centre en détiennent 41 : UMP (25), UDI (12) et les Divers droite (4).
En ce qui concerne les régions, la domination de la gauche y est actuellement encore plus écrasante puisqu'elle dirige 21 des 22 régions métropolitaines (Corse comprise) et 3 des 5 régions d'Outre-mer (le conseil général de Mayotte est aussi conseil régional). Les seules régions détenues aujourd'hui par la droite (UMP) sont au nombre de 3 : l'Alsace, la Guyane et La Réunion.
Rien n'incite... ou plutôt rien n'incitait ?
La très faible cote de popularité du président de la République, la désertion de l'électorat de gauche ainsi que l'absence de résultats économiques ou sociaux probants et lisibles par l'opinion en 2014 - et ce depuis la victoire de Hollande en 2012..., rien n'incite à penser que l'exécutif est en mesure de sauver les meubles lors de ces élections à venir. Rien n'incite... ou plutôt rien n'incitait ?
En effet, une série de signes, certes faibles, pourrait laisser supposer l'arrivée d'une nouvelle phase politique pour le couple de l'exécutif. Même si une seule hirondelle ne fait pas le printemps de sondages, une enquête de l'institut Odoxa du 16 décembre faisait apparaître une hausse de 5 points de la cote du chef de l'Etat (21% contre 16% en novembre). Cette soudaine poussée replaçait Hollande 1 point au dessus de la mesure d'octobre (20%).
Ce sondage confirmait un léger mieux enregistré par Ipsos dans sa dernière vague de l'année, le 15 décembre. "Le président de la République retrouve un peu d’air", notait l'institut, en remarquant qu'"après une année marquée par des records d’impopularité, sa cote progresse de 3 points fin décembre, tout en restant à un niveau très bas", c'est-à-dire à 18%. Deux hirondelles pour Hollande ?
Le président aspiré par le premier ministre ?
Dans l'analyse du premier sondage, Gaël Sliman, président l'Odoxa, attribuait moins cette embellie présidentielle à la personne même du chef de l'Etat, à "un début de représidentisalisation suite à son voyage au Kazakhstan et en Russie" ou à la libération du dernier otage français détenu dans le monde qu'à un effet d'aspiration provoqué par le premier ministre. Dans la même étude, Valls progressait de 8 points, à 45% de bonnes opinions.
On a le droit d'imaginer que la fin d'année et les fêtes qui l'accompagnent conduisent les Français à plus de mansuétude et de bienveillance à l'égard du pouvoir en général et de l'exécutif en particulier. D'autant que peut s'installer dans l'opinion l'idée que les hausses d'impôts sont derrière eux et, comme le souligne Yves-Marie Cann, directeur Opinion à CSA - son dernier sondage de popularité qui date du début décembre est moins favorable à Hollande -, "on quitte maintenant le registre des efforts demandés aux Français".
A cette conjonction - une fois n'est pas coutume, plus heureuse qu'auparavant pour le président -, s'ajoutent les dernières prévisions de l'Insee pour la croissance. Ainsi que le relève Le Figaro, "2015 commence sous de meilleurs augures" avec une augmentation du PIB de 0,3% aux deux premiers trimestres. Cela permettrait à la France d'avoir un acquis de croissance de 0,7% au milieu de l'année. En 2012 et en 2013, la croissance n'a pas dépassé 0,3% et depuis le début 2012, il n'y a jamais eu deux trimestres consécutifs de croissance positive.
La réussite est aussi le résultat de la chance
Déjà annoncé - en vain - à deux reprises, le retour de la croissance sera peut-être bien, cette fois-ci, au rendez-vous. En tous cas, Le Monde énumère "cinq raisons" d'y croire : l'amélioration du climat des affaires, le dynamisme des échanges mondiaux, les effets favorables des baisses de l'euro et du pétrole, l'augmentation du pouvoir d'achat et de la consommation des ménages, le redressement du taux de marge des entreprises. Reste que les incidences sur la courbe du chômage risquent d'être faibles, voire inexistantes.
Jamais sans doute depuis mai 2012, Hollande n'a bénéficié d'un ensemble de facteurs politico-économiques aussi favorables. Le président explique évidemment que cette heureuse conjonction est due aux choix fait par le gouvernement... même si une partie d'entre eux lui sont parfaitement extérieur. Il n'en demeure pas moins que la réussite politique, absente jusqu'ici dans le cas de Hollande, est aussi le résultat de la chance. En l'espèce, il s'agirait d'un redémarrage des pays industrialisés et d'un soutien enfin accepté par l'Allemagne.
Si cette première phase économique s'engage véritablement, il restera la partie plus délicate de l'arrimage politique à cette relance. Pour le moment, le président s'appuie sur le premier ministre qui lui-même s'adosse au ministre de l'économie pour donner un contenu à l'optimisme de l'exécutif. Or, pour le moment le Medef n'a pas manifesté un enthousiasme débordant pour soutenir l'action gouvernementale et toute une frange de la gauche - contre le jugement de la majorité de l'opinion - fait d'Emmanuel Macron sa bête noire. La nouvcelle phase pour Hollande et Valls est possible, les prochains sondages le confirmeront... ou l'infirmeront !