Plus que trois semaines à attendre ! Le 29 novembre, le nom du nouveau président de l'UMP sortira du chapeau des militants. Les "bookmakeurs politiques" annoncent, sans prendre de gros risques, que le successeur de Jean-François Copé s'appellera Nicolas Sarkozy. De fait, l'ancien hyper-président de la République est hyper-favori face à ses deux challengers : Bruno Le Maire et Hervé Mariton.
Il y a dix ans, le 28 novembre 2004, celui qui était ministre d'Etat, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie, devient président de l'UMP. Contre l'avis du président de la République, Jacques Chirac. Il est élu par les militants dans un fauteuil avec 85,1% des voix. Il lamine Nicolas Dupont-Aignan (9,1%) et Christine Boutin (5,8%), ses deux challengers. Le lendemain, il quitte le gouvernement.
Le 29 novembre 2014, une fois encore, il aura deux concurrents face à lui : Bruno Le Maire et Hervé Mariton. Il y a quelques mois, son entourage assurait à qui voulait l'entendre qu'il ne ferait qu'une bouchée des deux insolents qui osaient venir le défier. L'UMP, version 2004 et années suivantes, n'était-elle pas sa chose ? Ne l'avait-il pas mise à son entier service pendant son quinquennat ? Les récalcitrants n'étaient pas légion. Rien à voir avec l'actuelle foire d'empoigne au sein du PS.
Ce "moment de grâce" se transforme en "occasion râtée"
Son retour ne devait-il pas être triomphal ? Presque une promenade de santé ! Cette annonce et la cosmétique médiatique qui l'accompagnait devaient provoquer un tel choc que ses "adversaires" n'auraient qu'une solution : se mettre aux abris pour se protéger du souffle de la déflagration. Aucun superlatif n'était trop beau. Et l'envolée dans les sondages devait couronner le tout. Qui pouvait résister ?
Las ! Rien ne se passe comme prévu. Ce "moment de grâce" se transforme en "occasion râtée". La machine bien huilée donne le sentiment d'être grippée. La belle mécanique s'essouffle. Sarkozy n'avait pas habitué son public et l'opinion à un tel passage à vide. Trois Français sur quatre estiment qu'il a loupé son retour, selon un sondage Odoxa. Ses propositions n'ont pas beaucoup plus de succès : un Français sur cinq (22%) les jugent "intéressantes".
Evidemment, l'enthousiasme est un peu plus perceptible parmi les sympathisants de droite - propositions "intéressantes" pour 41% - et surtout chez les sympathisants de l'UMP avec un score de 54%. Mais quand même ! Tout cela est assez éloigné du résultat soviétique de 2004. Et de sondage en sondage, la situation ne s'arrange pas vraiment. Comme s'il y avait une mauvaise pente inexorable. D'autant que ses adversaires au sein de l'UMP lui rendent, maintenant, coup pour coup. A l'instar de Xavier Bertrand.
"L'homme qui va reconstruire une grande famille de droite"
Dès lors, un eréflexion s'impose : et si l'élection à la présidence de l'UMP ne se déroulait pas comme prévu. Si ce n'était pas la feuille de papier à musique annoncée. Déjà, ses plus fidèles soutiens comme Guillaume Peltier, chef de file de la Droite forte, estiment qu'avec "60 ou 70%", ça serait "une énorme victoire". Pour ce vice-président du principal part de l'opposition, il faut que Sarkozy "gagne largement et au premier tour". Tout autre cas de figure serait donc un échec ?
Evidemment, ce n'est pas l'hypothèse la plus probable mais en politique il ne faut jamais rien écarter. Alors, il faut la formuler : un score de Le Maire égal ou supérieur à 40% serait non seulement une énorme surprise mais, en plus, une énorme victoire pour lui. En campagne électorale ininterrompue depuis le mois de juin, l'ancien ministre des gouvernements Fillon qui se présente comme "l'homme du renouveau qui va reconstruire une grande famille de droite", se dit certain de sa victoire.
Un ballotage conduisant à un second tour n'est pas non plus l'hypothèse qui vient immédiatement à l'esprit. Elle impliquerait que Mariton, le troisième larron de la consultation, s'arrache de la fourchette marginale - 1% à 2% - qui lui est promise par les observateurs et les instituts de sondages.
La pire des situations serait une victoire à la Pyrrhus
Condition sine qua non de cet improbable déroulement du premier tour, le score de Mariton renseignera sur l'audience de la frange la moins "progressiste" de l'UMP sur les questions de société. Ce candidat est, en effet, sur une ligne que ne renierait pas Christine Boutin. Le président du Parti chrétien démocrate (PCD), Jean-Frédéric Poisson, député (UMP) des Yvelines, soutient, du reste, son collègue de la Drôme dans cette élection.
A défaut, donc, de réaliser un hold-up imaginaire dès le premier tour, Le Maire pourrait mettre quand même Sarkozy dans une fâcheuse posture. Un score "énorme", que vont probalement s'attacher à lui donner les partisans de Juppé et de Fillon, achèverait la mutation de la marche triomphale en chemin de croix. Le rêve de Sarkozy d'avoir un parti uni derrière lui ne s'exprimant que d'une seule voix - la sienne - s'envolerait du même coup. Partisan de supprimer les chapelles et les écuries, il les verrait renaître de plus belle.
Une victoire à la Pyrrhus, comme sa définition l'indique, aurait un coût et des effets dévastateurs pour l'ancien chef de l'Etat. Au lieu de le renforcer, elle l'affaiblirait considérablement dans la perspective de l'étape suivante : la primaire présidentielle à droite. Dans le pire des cas, elle pourrait même signer, prématurément, la fin de sa carrière politique.