Said Moussa avait l'air un peu intimidé ce matin sur la parvis de la préfecture de Bobigny. Cariste au ferrage, il travaille à l'usine PSA d'Aulnay depuis 10 ans. Saïd est un ouvrier non syndiqué, jusque là il n'avait jamais eu envie de se mettre sur le devant de la scène. Mais cette fois, il est décidé à s'investir : "On est dans une guerre, on défend notre pain". Alors il s'est porté candidat pour être membre de la délégation CGT conviée à la réunion de Bobigny.
Contrôleur de négociations
En effet pour cette deuxième réunion tripartite entre les représentants de l'état (le préfet de région et celui de Seine-Saint-Denis), la direction de PSA et les délégués syndicaux d'Aulnay, les salariés ont décidé que des ouvriers "sans badge" viendraient s'assoir à la table des négociations. Certains syndicats ont un peu traîné les pieds mais la plupart ont fait une place aux non syndiqués.Ils vont jouer le rôle de "contrôleur" de négociations. Une façon de se prémunir contre les éventuelles querelles entre syndicats. Quatre ouvriers par délégation. La CGT a choisi de faire entrer deux délégués et deux "assistants". L'un d'entre eux est Saïd.
Ce matin c'était donc le baptême du feu pour le jeune cariste. Il n'a aucune expérience de la négociation mais peu importe il est surtout là pour écouter et ensuite de retour à l'usine il racontera ce qu'il a entendu. Les responsables syndicaux sont rompus à l'exercice, Said les observe de très près, jusqu'au dernier moment il pose des questions, cherche à comprendre comment va se dérouler cette réunion.
C'est Jean Pierre Mercier le délégué CGT d'Aulnay qui va accompagner Said dans ses premiers pas de "négociateur".
Nous les avons suivi jusqu'à la porte de la préfecture.
Deux heures plus tard fin de la réunion. Said Moussa n'est pas rassuré par ce qu'il a entendu, pas assez concret, pas assez précis pour lui.