Milo, de son vrai nom Dreza Milosevic, est depuis 22 ans « tôlier retoucheur professionnel » à l’usine d’Aulnay. Plus que son métier, c’est sa vie. Il l’aime « énormément ». Il a en retouché des voitures, de l’AX à la nouvelle C3, en passant par la Peugeot 205 ou la ZX. Il en a redressé des portes, des capots ou des ailes, lissé des chocs ou des picots.
Jusque-là, c’était un plaisir d’aller travailler. Avec Jadranka, sa femme, il s’est construit une vie agréable dans un pavillon de Blanc-Mesnil. A cinq minutes en voiture de son travail : « Je suis tellement habitué à vivre près de l’usine, le matin à 6h même endormi, la voiture roule toute seule. » Sa sœur qui travaille aussi à PSA vit dans le même quartier, sa mère n’est pas loin non plus.
Dans ce français qu’il a appris à 15 ans, arrivant de Serbie avec ses parents, les mots se bousculent. « Cette usine, j’ai toujours dit c’est la mienne. Le patron nous donne du travail et c’est à nous d’assumer. » Le problème, c’est qu’aujourd’hui « le patron » ne donne plus de travail. Milo ne réalise pas : « C’est comme si je rêvais, je n’y crois pas. »
Depuis l'annonce de la fermeture, avec Jadranka, ils ne cessent de s’interroger sur leur avenir. Elle est employée comme « rayonniste » dans une pharmacie parisienne. Et toujours les mêmes questions qui tournent en boucle. Si Dreza demande une mutation à l’usine de Poissy, y aura-il une place pour lui ? Pourra-t-il continuer à faire son métier ou se retrouvera-t-il à travailler à la chaîne ? Faut-il ou pas déménager ? Poissy se trouve à 50 km soit plus d’une heure de transport, il faudra se réveiller à 3h du matin. C’est toute leur vie qui va être bouleversée.
Trop de questions sans réponse. Dreza ne sait plus quoi penser. Au début de la semaine, les ouvriers d’Aulnay ont débrayé et bloqué la production. Aujourd'hui une nouvelle question mine Dreza, une nouvelle source de stress : faut-il ou pas suivre les mouvements de grève ?