Anthem, moi non plus ? Quand j’ai enfin pu essayer le dernier titre d’Electronic Arts ce week-end, on ne peut pas dire que je partais avec un a priori positif. Sorti le 22 février sur Xbox One, PS4 et PC, ce jeu tir à la troisième personne (TPS) tendance grand spectacle futuriste s’est déjà sérieusement fait secouer par les critiques.
De quoi un peu refroidir mon ardeur à me plonger dans ce jeu pourtant si prometteur sur le papier. Mais comme dit le proverbe : "Cent guides de voyages ne valent pas une promenade." Alors en route.
"Anthem " un peu...
Développé par les studios Bioware à qui l’on doit entre autres les séries des Mass Effect ou Baldur's Gate, Anthem propose de partir en coopération jusqu'à quatre joueurs à la découverte d’une planète sauvage à la nature luxuriante où l’humanité vit recluse derrière les hauts murs de ses dernières cités. Défendues par les Freelancers, des pilotes en armures volantes, que vous incarnez, elles font face à des menaces aussi dangereuses que mystérieuses issues de dieux disparus.
Une histoire et une ambiance dans la droite ligne de Destiny qui a visiblement bien inspiré Bioware. Car au-delà de l’univers science-fantasy, Anthem propose aussi le même type de jeu basé sur un monde ouvert où diverses missions sont proposées suivant plus ou moins la trame principale. L’objectif étant de les réussir pour augmenter les capacités de votre personnage et, surtout, looter au maximum, à savoir récupérer de nouvelles armes ou équipements toujours plus puissants.
Problème : si Anthem reprend les grands principes de Destiny, il le fait en laissant une copie avec des ratures. Déjà, les missions peuvent se jouer dans n'importe quel ordre à partir du moment où vous les avez débloquées en ayant parlé avec un PNJ (personnage non joueur). De quoi déjà vous faire perdre le fil de l'histoire principale qui manque déjà de fluidité. Mais le pire est qu'il est possible, comme ça m'est arrivé, de se lancer dans une mission qui vous spoile toute une partie de l'aventure que vous n'avez pas encore vécue. Je me suis retrouvé ainsi trahi par l'un des personnages majeurs du jeu sur une mission, avant de le retrouver à mes côtés la mission suivante comme si de rien était. Lunaire.
... beaucoup...
S'il y a bien une promesse qu'Anthem a tenue depuis les premières images dévoilées à l'E3 2017, c'est sur sa qualité graphique et son game design. Visuellement, le jeu est tout simplement magnifique. La planète où se déroule l'action fait immédiatement penser à Pandora d'Avatar avec ses immenses cascades, ses collines verdoyantes et sa faune aussi bigarrée que dangereuse. Certaines phases de jeu n'hésitent pas aussi à lorgner du côté d'autres grands classiques de la science-fiction comme Starship Troopers ou Alien. Sur une Xbox One X branchée sur une TV 4K, la claque est immense tant les textures sont détaillées et la profondeur de champ riche.
Même constat du côté des Javelins. Ces armures métalliques dignes d'Iron Man qui sont au service du joueur bénéficient toutes d'un design léché et d'un look badass bien sentis. De plus, Anthem permet de personnaliser ces engins pour leur donner un look unique au cours de la partie. Une option esthétique bienvenue qui s'accompagne aussi d'un character design marquée puisque que chacun des quatre Javelins proposés, Ranger, Colossus, Interceptor et Storm offre une jouabilité qui lui est propre.
... passionnément...
Et c'est sûrement là l'une des plus grandes forces du jeu. Ces Javelins sont des concentrés de plaisirs une fois la manette en main. Déjà, le fait qu'ils soient capables de voler sur de grandes distances est un vrai bonheur. Grâce à un gameplay aussi solide qu'intuitif, on a tôt fait de se prendre pour Tony Stark lorsque l'on prend de l'altitude ou quand on effectue des manœuvres serrées à ras du sol.
Mais la sensation de puissance que dégage ces exosquelettes est encore plus jouissive. Le Colossus propose ainsi une machine lourde et résistante capable faire pleuvoir un déluge de feu, l'Interceptor est aussi agile et dangereux au corps-à-corps qu'un ninja et le Storm maitrise les attaques à distance à base de foudre, de feu ou de glace. Le tout à chaque fois réalisable aisément grâce à une jouabilité aussi immersive que soignée. Impossible dès lors de ne pas afficher un sourire presque béat lorsque que votre Javelin atterrit avec fracas au beau milieu d'une horde d'ennemis pour ensuite les pulvériser grâce à votre puissance de feu et vos combos.
... pas du tout
Oui mais voilà, les plus belles histoires d'amour peuvent vite être gâchées par des petits défauts. Et ceux d'Anthem sont de taille. Le premier risque rapidement d'agacer tous les fans de loot. Si comme dans Destiny ou The Division, le jeu de Bioware offre la possibilité de récupérer des armes et équipements grisants au cours d'une mission, il est en revanche impossible de s'en servir avant d'avoir terminé votre partie. Vous devez en effet atteindre vos objectifs puis vous rendre à votre Forge (sorte de garage à Javelins) pour en profiter. Frustrant ? Oui, mais la suite est pire.
Car une fois équipé, vous souhaitez aussitôt enchaîner une nouvelle mission ? Minute papillon, il faut avant repasser par Fort Tarsis, qui représente le HUB du jeu où l'on débloque les missions. Et là, c'est le drame. D'abord, alors qu'Anthem offre une jouabilité au poil lors des phases d'action, on repasse là à une vue à la première personne où votre personnage à l'agilité d'un éléphant de mer neurasthénique. Passons sans nous attarder sur les phases de dialogues interminables qui précèdent l'obtention d'une mission secondaire pour arriver à l'un des points noirs du jeu : les temps de chargement. Il faut en effet, au minimum, une minute (oui, oui, UNE MINUTE) entre le départ de Fort Tarsis et le début de la mission. Et impossible d'y couper. Du coup, l'immersion en prend un coup et l'intérêt pour l'aventure peut rapidement flancher d'autant que certaines missions ont cruellement tendance à se ressembler.
Un malheur n'arrivant jamais seul, de nombreux joueurs sur PS4 ont constaté récemment que le jeu faisait planter leur console sans possibilité de la redémarrer. Comme disait Jacques Chirac : "Les emmerdes, ça vole toujours en escadrille."
J'ai eu ça avec Anthem. Obligé de débrancher l'alim parce que la console moulinait non stop sur l'écran "ne débranchez pas l'alim" après un crash du jeu.
— Kevin Bitterlin (@KBitterlin) 4 mars 2019
Malgré tout, l'espoir persiste. Si Bioware décide de se bouger pour sortir rapidement des patchs correctifs, Anthem peut espérer passer de l'amourette d'un soir à la jolie histoire d'amour.