Alors qu'Assassin’s Creed, la série phare d’Ubisoft, montrait de sérieux signes d’essoufflement après les ennuyeux épisodes Unity et Syndicate, l’éditeur français de jeux vidéo a su relancer sa franchise l'an passé en emmenant le joueur sur les rives du Nil de l’Egypte antique dans Origins. Surfant sur l’accueil critique reçu par ce dernier opus, Assassin’s Creed Odyssey remonte encore le temps en nous entraînant quatre siècle plus tôt en Grèce. Une aventure folle à travers les îles helléniques, sur les traces de la pythie de Delphes, de Socrate et d’Hérodote, tandis que le pays est déchiré par la guerre du Péloponnèse. Copie carbone d’Origins ou nouveau lifting de la licence ? Après près de trente heures de jeu, Pop Up’ vous livre son ressenti à chaud.
Oui, si vous aimez vous perdre dans un jeu
Après avoir lancé une première fois Assassin’s Creed Odyssey, il faut compter quatre à cinq heures de jeu avant de découvrir enfin son générique. Pas de doute, ce très long prologue / didacticiel / premier chapitre, qui se déroule sur la petite île de Céphalonie, donne une première idée de l’ampleur de la tâche que nous réserve ce nouveau périple. Oui, Odyssey est gigantesque. Par l’immensité de sa carte (la plus grande jamais imaginée pour un Assassin’s Creed) mais aussi et surtout par la richesse des multiples missions proposées (des quêtes secondaires à gogo, des dizaines de mercenaires et de dirigeants de région à assassiner, des membres d’un culte secret à démasquer, etc.), Assassin’s Creed Odyssey donne le vertige.
D’autant que ces missions ne sont pas seulement terrestres. Ubisoft Québec, qui a développé cet opus simultanément à celui d'Assassin's Creed Origins, a profité de cette nouvelle aventure, conçue pour balader le joueur d’île en île, pour redonner de l'envergure aux déplacements en pleine mer. A peine esquissées dans Origins, les batailles navales sont ici à l’honneur façon Black Flag. Comme tout le reste de notre équipement, notre navire peut d’ailleurs entièrement être amélioré tout au long de l’aventure et on peut même recruter quelques PNJ en tant que lieutenant de notre équipage. Résultat : après près de trente heures de jeu, nous n'avons exploré que 20% de la carte et nous approchons seulement des 30% dans la progression de la mission principale. Tout reste encore à faire.
Oui, si vous aimez la liberté qu’offre un vrai monde ouvert
Une des premières grandes nouveautés proposée par cet épisode hellénique est la création d’un mode "exploration" (en opposition au mode "guidé"). Dès le début du jeu, en plus de votre choix de niveau de difficulté, vous pouvez opter pour cette expérience qui va, comme son nom l’indique, vous obliger à explorer, et donc à découvrir au fil de vos pérégrinations les différentes missions secondaires proposées.
Concrètement, lorsque vous activez ce mode, l’objectif de votre quête principale n’est plus simplement affiché sur la carte. En revanche, en choisissant de poser toutes les questions suggérées à votre interlocuteur, vous obtenez des indices sur sa localisation. A vous de vous en approcher au maximum avant de lancer votre aigle (nommé ici Ikaros), la nouveauté apparue dans Origins que les développeurs ont choisi (à raison) de conserver.
De la même façon, à chaque fois que vous découvrez une région, vous êtes chargé de vous débarrasser de son dirigeant. Pour vous y aider, vous êtes invité à affaiblir sa protection en brûlant les caisses de ravitaillement, en volant le trésor public et en éliminant le maximum de soldats. A chaque fois que vous réalisez une de ces actions, votre jauge de difficulté diminue. C'est alors à vous d’estimer à quel moment vous jugez réaliste de vous attaquer à votre cible, une fois celle-ci localisée.
Oui, car vous êtes le héros de votre propre histoire
Si on avait eu du mal à s’intéresser à la soif de vengeance qui animait le héros d’Origins, Bayek de Siwa, on est rapidement happé par la quête plus personnelle proposée dans Odyssey qui met la famille et ses liens troubles au cœur du récit. A la manière d'une vraie tragédie grecque, Odyssey suit l'incroyable destinée d’un enfant, survivant miraculeux après avoir été jeté d'une falaise par son père. Au début de l’aventure, vous choisissez d’incarner au choix Alexios ou Kassandra, cet enfant devenu en grandissant "misthios" (un mercenaire) qui retrouve peu à peu la mémoire et part en quête de ses parents.
Pour la première fois dans l’histoire d’Assassin’s Creed, outre le fait de pouvoir choisir le genre de son héros, vous avez la possibilité d’influer sur le cours de votre destin en faisant des choix lors de vos interactions avec les différents personnages (comme de tuer ou laisser vivre un interlocuteur important). Et comme l’avait fait le studio polonais CD Projekt avec The Witcher 3 : Wild Hunt (la référence en matière de jeu en monde ouvert de type action-RPG), Ubisoft Québec a donc imaginé plusieurs dénouements à votre périple à travers la Grèce antique en fonction des décisions prises en chemin.
Plus RPG que jamais, Assassin’s Creed Odyssey permet également au joueur d’attribuer des compétences de combat particulières à son héros. Une autre manière de personnaliser les nombreux affrontements auxquels le héros va devoir faire face.
Oui, si vous aimez incarner un héros moins conventionnel
"Tu as un lit ? Il paraît que je suis doué(e) pour distraire les gens" ou encore "Ma lance est également brisée, si tu vois ce que je veux dire..." comptent parmi les nombreux dialogues grivois qui parsèment votre odyssée. Et les multiples possibilités qu’a notre héros de conclure diverses rencontres ne sont pas si anecdotiques car elles vous seront proposées par des individus du sexe opposé ou du même sexe.
A vous de choisir si vous envisagez votre musculeux héros comme hétérosexuel(le), homosexuel(le), bisexuel(le) ou juste asexuel(le). Une liberté de ton inédite dans un jeu vidéo qui apporte de la fraîcheur et de la modernité à cette odyssée décidément surprenante.
Non, si vous pensez que les histoires courtes sont les meilleures
Evidemment, pour profiter au mieux de l’ampleur de la tâche qui vous est proposée, il va vous falloir du temps. Beaucoup de temps. Comptez une centaine d’heures si vous voulez explorer convenablement la carte. Le risque d'un jeu d'une telle envergure, c’est de se lasser des dizaines d’assassinats à exécuter, d'autant de prisonniers à libérer, de plantes médicinales à récolter, d'ours à tuer, des prêtresses à satisfaire, etc. On a parfois l’impression que l’étendue de la carte a forcé les développeurs à la remplir, coûte que coûte. D’autant que cette foultitude de quêtes multiplie les risques de bug. Pensez bien à sauvegarder manuellement à intervalles réguliers pour éviter de perdre malencontreusement des heures de jeu.