"Le top des jeux de football." "La meilleure simulation qui existe sur console." Un réalisme incroyable." Comme chaque année, la sortie d'un nouvel opus de Fifa s'accompagne de ce type de louanges qui, il faut bien le reconnaître, sont souvent mérités. Et Fifa 16 n'échappe pas à la règle, tant Electronic Arts a, une nouvelle fois, réussi à améliorer sa simulation de football par rapport à l'édition précédente.
Pourtant, il y a quelque chose qui cloche : ce jeu qui se targue d'être ultra réaliste, ne l'est pas vraiment en fait. Car quand on le compare à ce qui se passe vraiment dans un stade au cours d'un vrai match de foot, comme le clasico entre le PSG et l'OM, on se rend compte qu'il manque quand même certains ingrédients qui font tout le sel de ce sport. Pop Up' s'est penché sur ce qui manque à Fifa 16 pour être vraiment réaliste.
Des erreurs d'arbitrage
Que serait le football sans ses grandes erreurs d'arbitrage qui ont forgé la dramaturgie de ce sport? Parlerait-on encore de la finale de la Coupe du monde de 1966 s'il n'y avait pas toujours un doute sur le but de Geoffrey Hurst face à l'Allemagne ? De la demi-finale du Mondial 1982 entre les Bleus et les Allemands, avec l'agression non-sanctionnée de Harald Schumacher ? De la main de Vatta en demi-finale de Coupe des champions face à l'OM en 1990 ?
Oui, le football se nourrit de ces erreurs d'arbitrage qui font sa légende mais qui sont absentes de Fifa 16.
Jamais un but ne sera ainsi refusé ou accordé a tort : l'IA du jeu veille toujours. Alors certes, la "goal Line technologie" se répand dans diverses compétitions (Coupe du monde, Premier League, Ligue 1) et élimine ainsi ces glorieuses erreurs, mais elle n'est pas utilisée dans les autres championnats ou coupes européennes.
Même chose pour les hors-jeu, où l'arbitre de ligne est d'une précision chirurgicale alors que n'importe quel match de foot réel, il existe toujours une marge d'erreur, un doute, un flottement qui profite à l'équipe qui attaque ou qui défend. Une perfection dans l'arbitrage qui finit par nuire au réalisme du jeu. Certes, quelques tacles restent parfois non-sanctionnés ou l'arbitre a, de temps en temps, le rouge facile, mais on reste sur l'exceptionnel.
La possibilité de faire des actions illicites
Si les arbitres sont des robots quasi irréprochables, que dire des joueurs ? Là encore, la réalité est assez éloignée des jeux de football. Simuler une faute ou l'amplifier ? Impossible. Marquer un but de la main ? Non. Jouer des coudes sur un corner ? Non plus. Faire l'ascenseur pour gagner un duel aérien. On a dit non.
Toutes ces actions de jeu, certes répréhensibles mais qui rythment pourtant n'importe quel match, sont totalement absentes de Fifa 16. "On aurait bien voulu, mais comme on bénéficie de leur licence, la Fifa ne veut pas promouvoir des gestes qu'elle condamne", m'avait expliqué l'un des producteurs du jeu il y a deux ans. Une position compréhensible, mais décevante car outre le fait de rendre le jeu moins réaliste, elle le prive d'un ingrédient important qui fait qu'une équipe moins forte peu vaincre les favoris en faisant preuve de roublardise (remember l'Argentine de 1986) ou qui vous laisse un sentiment d'injustice lorsqu'on est victime d'une tricherie.
Des licences complètes
Certes Fifa 16 affiche une base de données imposante en bénéficiant des droits sur la majeure partie des championnats européens et mondiaux, avec dans certains cas, les divisions inférieures (jusqu'à quatre pour l'Angleterre). Et l'impair de l'édition précédente - l'absence du championnat brésilien - est quasiment effacée puisque la majeur partie des équipes du Brasileiro sont disponibles.
Problème : le jeu ne bénéficie toujours pas des licences pour la Ligue des champions et la Ligue europa, détenues par le rival historique, Pro Evolution Soccer. Une lacune agaçante, car à l'image des footballeurs professionnels, nous aussi on aime entendre la petite musique de la Ligue des champions quand on arrive sur la pelouse. Rendez-vous l'année prochaine ?
Des stades plus vivants (et plus nombreux)
Depuis deux éditions, Fifa bénéficie d'un public dynamique dans les stades. On peut ainsi voir des spectateurs individualisés (bon, qui se ressemblent pas mal quand même) s'animer dans les tribunes. Sans compter que de nombreux clubs bénéficient de chants de supporters propres à leurs équipes quand elles évoluent à domicile ou de tifos sympas, quoiqu'un peu simplistes. Le hic, en fait, est que ce public est bien trop sage. Et qu'il manque quand même quelques stades mythiques comme celui de Naples.
On n'a certes pas envie d'assister aux débordements inadmissibles qui ont eu lieu lors du récent OM-OL, mais entre ça et un public de footix qui n'encourage son équipe que lorsqu'elle marque (même quand on est mené 4-0), il y a une marge. Jamais une équipe ne subit une grosse bronca quand elle se fait corriger à domicile, et jamais les supportes ne mettent la pression sur l'arbitre ou l'équipe adversaire en la sifflant. Si les ambiances électriques vous font rêver, passer votre chemin. Ce n'est pas dans Fifa 16 que vous trouverez des tribunes qui s'embrasent à coups de fumigènes, de olé, de drapeaux, de banderoles ou de clapping en fonction du contexte du match ou de son déroulement. Même pas une petite ola.
Des commentateurs dynamiques
Là, on frôle le carton rouge. Non pas que les commentaires d'Hervé Mathoux et Franck Sauzée soient complètement nuls, mais ils commencent à sentir un peu le périmés. La même trame est appliquée depuis quatre ans et on a l'impression qu'à part quelques nouvelles expressions et noms de joueurs, on nous ressert les mêmes commentaires depuis Fifa 13. Il serait peut-être temps de changer de duo ou d'en proposer d'autres en option (plus chauvins avec notre équipe par exemple), voir d'ajouter un homme de terrain histoire de rythmer un peu plus les parties et les rendres plus réalistes.