Netflix ne baisse pas le pied. Après un début d'année canon qui a vu l'arrivée de la saison 3 de House of Cards, de Dardevil et de Bloodline, et à quelques jours du lancement de la saison 3 de Orange is the New Black, le service de vidéo à la demande met à disposition de ses abonnées à partir de vendredi 5 juin l'intégralité de la saison 1 de Sense8.
Réalisée par Andy et Lana Wachowski, et co-écrit par J. Michael Straczynski (Babylon 5), cette série a tout du blockbuster destiné à marquer les esprits. Ou à faire un bide monumentale. Pop Up vous livre quatre éléments qui ont du sens avant de regarder les 12 épisodes de cette saison 1.
1Une histoire sens dessus-dessous
"C'est un récit global, raconté à une échelle planétaire. Sense8 est une histoire sur la transcendance humaine et, finalement, sur ce que cela signifie d'être humain dans nos sociétés contemporaines." Voilà comment est présentée Sense8 par J. Michael Straczynski, cocréateur de la série avec Andy et Lana Wachowski. Dis comme ça, forcément, ça fait un peu peur et on se dit qu'il vaut mieux s'équiper d'une boîte de Doliprane avant de se lancer dans ce show.
Mais derrière ce pitch pompeux se cache une vraie ambition de la part des Wachowski, celle de proposer une histoire complexe et originale et de la dérouler sur 12 épisodes d'une heure que compte la série. Un format qui conviendra certainement mieux aux deux réalisateurs dont les deux derniers films semblaient trop étriqués pour abriter tout ce qu'ils avaient imaginé.
Sense8 suit ainsi huit personnages, habitant dans autant de villes à travers le monde : un flic de Chicago (Etats-Unis), une DJ islandaise de Londres, un acteur mexicain, une Indienne qui travaille dans l'industrie pharmaceutique, un truand de Berlin, un conducteur de bus Nigérian, une ancienne hackeuse de San Francisco, et une Sud-Coréenne. Tous sont reliés par un lien télépathique qui leur permet de partager leurs pensées, leurs souvenirs mais aussi leurs compétences. Ces huit personnages, qui n'ont apparemment rien en commun, se voient confier une mission par un mystérieux messager
Au-delà de cette quête qui s'annonce mystique, la série se penche sur des questions de genre et de sexualité - un personnage est un homosexuel tandis qu'un autre est un trans -, de politique, de philosophie et de religion. Des thèmes chers aux Wachowski qui peuvent donner le meilleur (Matrix, V pour Vendetta), comme le pire (Matrix Reload et Revolution, Cloud Atlas).
2Un budget sensationnel
Habitués aux budgets confortables pour réaliser leurs films et les effets spéciaux qui vont avec, les Wachowski n'ont pas dû se serrer la ceinture en passant sur le petit écran. "Le budget est au moins aussi conséquent que celui de leurs films", affirme ainsi à l'Obs Ted Sarandos, le directeur des programmes de Netflix. Quand on sait que leur dernière production, Jupiter Ascending, a coûté autour de 175 millions de dollars, on peut s'attendre à en prendre plein la vue avec Sense8.
Un budget conséquent qui s'explique aussi par l'aspect mondial de cette série : huit équipes dédiées avec leur casting ont ainsi tourné cette première saison dans les huit villes du scénario. Des moyens importants accordés par Netflix aux Wachowski qui s'explique par la volonté de la plateforme en ligne de conquérir des parts de marché à l'international. Car si Netflix affiche une belle santé aux Etats-Unis avec 39,11 millions d'abonnés, elle n'en compte que 18,28 millions dans le reste du monde, rappelle l'Obs.
3Une série censée relancer les Wachowski
Ça passe ou ça casse. Sense8 ressemble fort à un baroud d'honneur pour les Wachowski qui semblent avoir perdu leur mojo depuis Matrix. Adulés par tous les fans de science-fiction après la trilogie mettant en scène Keanu Reeves (enfin, surtout le premier opus), Andy et Lana produisent des films de plus en plus décevants, pour ne pas dire mauvais.
Après un Speed Racer inventif mais beaucoup trop délirant visuellement pour faire un carton en salles, les Wachowski ont enchaîné avec le discutable Cloud Atlas, qui a fait un four, avant de se crasher au box-office avec le navet Jupiter Ascending. Des revers aux budgets colossaux qui ont refroidi les studios de cinéma désormais moins enclins à financer les productions des Wachowski. Tout le contraire de Netflix, qui a misé gros sur Sense8 et qui offre ainsi à Andy et Lana une chance inespérée de se refaire la cerise aussi bien auprès des critiques que du public.
Mais attention, en cas de nouvel échec, les Wachowski risquent de se retrouver définitivement classés dans la catégories réalisateurs prometteurs has-been, à l'image de Night Shyamalan, qui n'a rien fait de bon depuis son mythique Incassable (2000). A noter, que le réalisateur du Sixième Sens a tenté, lui aussi, de se relancer grâce à une série, Wayward Pines, en tant que producteur. Et qu'il a plutôt raté son coup.
4Des critiques qui partent dans tous les sens
Il est visiblement difficile de se faire une idée de Sense8 tant les premières critiques sont partagées, d'autant plus que les journalistes qui ont pu découvrir la série n'ont pu voir que trois épisodes sur douze. "Il n'y a aucun doute que Netflix espérait décrochait commercial semblable à celui de Matrix, mais on sera plus proche de Jupiter Ascending ou Cloud Atlas, voire - pire - de son propre Marco Polo", se désole ainsi Variety, qui estime que le principal problème de cette série est qu'"elle n'a aucun sens".
Une critique reprise par Vulture, qui s'est vite ennuyé face à une histoire "si impénétrable que ça en devient frustrant" et qui n'a que peu goûté des dialogues "presque terriblement insultant". Côté français,Télérama est resté dubitatif mais se montre plus clément. "On apprécie le choix de comédiens venus des pays concernés, et un tournage qui a lui aussi pris la route à travers la planète, explique ainsi le journaliste. Le compte n'y est pas encore, mais si toutes les pièces du puzzle se mettent en place, Sense8 pourrait devenir un bon divertissement (lointain cousin de Heroes), une grande aventure humaine, mystique et fantastique fidèle à l'esprit de ses auteurs"