En cette période de rentrée, je viens de rencontrer deux jeunes étudiants, Léa et Adrien, âgés tous les deux de 18 ans, qui viennent de vivre leur première expérience professionnelle. Pour contribuer au financement de leurs études, ils ont travaillé pendant un mois dans une crêperie. Que retenir de cette première expérience professionnelle ? Quel regard sur leur poste de travail avant et après ce premier contrat à durée déterminée ?
Avant de commencer : des idées préconçues
Intégrés à une équipe, Léa était en salle pour servir les clients et Adrien s'occupait de la plonge. Immédiatement, ils reconnaissent tous les deux qu'ils partaient avec de nombreux clichés sur leur job respectif "on pensait que c'était simple … pas compliqué d'apporter des crêpes ou des salades aux touristes ou pour Adrien de faire la vaisselle". Léa de renchérir "je pensais même que j'allais m'ennuyer"
Que retenir de cette première expérience professionnelle ?
Pour Léa, ce dont elle se souviendra est la cadence : elle n'imaginait pas que le métier de serveuse était aussi trépidant : "être présente dès que des clients arrivent, les accueillir, les servir …très vite, j'ai compris qu'il fallait être rigoureuse et même savoir anticiper leur demande pour ne pas être obligée de revenir sans cesse pour leur apporter ce dont ils ont besoin. Enfin, garder le sourire même si parfois les touristes sont pressés et exigeants. Le rythme est très soutenu et ne s'arrête pas. Au début c'était difficile de garder sa motivation surtout si on rajoute des divergences ou incompréhensions entre collègues"
Pour Adrien, il est en de même pour les cadences et l'organisation. "Seul à la plonge, j'attendais que les assiettes et couverts arrivent. Tu crois que tu es tranquille mais cela n'est jamais le cas. La gestion des paniers à laver est primordiale pour ne pas être débordé et ne pas manquer de couverts propres. Au début, j'ai eu quelques réflexions sur mon travail car pour Roger, le responsable de la crêperie, l'hygiène était très importante. Par conséquent, j'ai été obligé de relaver plusieurs fois des couverts. Pour ne pas décevoir mon manager et être obligé de recommencer, j'étais très vigilant. Je n'imaginais pas qu'être plongeur demandait autant d'attention et de rythme. Enfin, il y a les contraintes des horaires..."
Comment développer la cohésion et l'esprit d'équipe ?
Ce qui les a très fortement marqués c'est la cohésion d'équipe qui régnait au sein du groupe. Mais cela ne s'est pas réalisé tout seul. Il a fallu l'intervention de Roger leur responsable qui leur a en effet réservé une recette très personnelle, notamment lorsque de fortes tensions ont commencé à se faire ressentir entre les serveurs et les crêpiers. Léa m'expliquait que chacun travaillait dans son coin : "nous étions tous très individualiste, certains membres dans l'équipe s'étaient disputés et l'atmosphère devenait de plus en plus tendue. Les conflits éclataient régulièrement".
Un "vis ma vie" fédérateur
Un soir avant le service, Roger a convoqué tout le personnel et nous a annoncé qu'exceptionnellement une nouvelle organisation allait être mise en place pour le service qui suivait. Tous les serveurs allaient travailler dans les cuisines et les crêpiers allaient faire le service. Il en était de même pour Adrien qui s'est retrouvé à servir des crêpes. Sur le moment, Léa et Adrien ont trouvé ce nouveau challenge drôle, mais très vite ils se sont aperçus qu'ils repartaient comme au premier jour : "nous n'avions pas les connaissances de notre nouveau poste et nous n'étions pas motivés car on ne l'avait pas choisi. Cela nous faisait perdre beaucoup de temps et quelques erreurs dans les commandes ont été faites de part et d'autres. Pendant la première heure, la situation était encore pire qu'avant. Et puis il a eu un déclic, nous avons pris conscience des contraintes de chaque tâche et nous avons compris les difficultés de chacun…" Avant la fin du service, certains ont repris leur poste initial afin d'assurer les commandes et réduire l'attente des clients.
Pour Léa et Adrien ce "vis ma vie" a été fédérateur car dès le lendemain les tensions ont disparu et un esprit d'équipe constructif régnait : "nous étions plus tolérants les uns avec les autres et surtout on n'hésitait pas à se donner un coup de main quand quelqu'un avait du retard. La fin du mois s'est très bien passée, il y avait un super esprit de coopération et une très bonne ambiance entre nous".