L'Association Nationale des Directeurs des Ressources Humaines (ANDRH) invitait à ses Assisses du 21 juin dernier le ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche Monsieur Benoît Hamon, pour échanger avec lui sur l'emploi des jeunes et l'alternance : notre déception a été à la hauteur de nos attentes.
Nous attendons toujours les propositions de Benoît Hamon
Nous étions nombreux à attendre quelques explications ou orientations de la part du Ministre sur ce sujet hautement préoccupant (taux de chômage des jeunes : 22,8% au 4e trimestre 2013…) : nous attendons encore. J'utilise le "nous" car toutes les personnes autour de moi exprimaient la même déception lors de son départ, pour ne pas dire une colère contenue. Mon voisin était encore plus virulent, considérant "qu'il venait de perdre son après-midi", un autre de rajouter que la conversation que venait d'entretenir le Ministre avec Monsieur Jean-Christophe Sciberras, Président de l'ANDRH, "était très éloignée du sujet".
Baisse des contrats d'apprentissage depuis janvier 2014
Et pourtant, nos gouvernants devraient se préoccuper du problème car les chiffres parlent d'eux-mêmes : le Ministère du Travail confirme que 19 % de contrats d'apprentissage en moins ont été enregistrés en janvier 2014 par rapport à l'année précédente. Aujourd'hui, en France, seulement 5% des jeunes sont issus d'une formation en apprentissage alors qu'ils représentent 55 % en Allemagne. Ce qui est d'autant plus incroyable et inquiétant c'est que les entreprises allemandes viennent chercher des jeunes étudiants en France pour remplir leurs écoles, avec naturellement une promesse d'embauche à la clé.
Pourquoi les entreprises françaises recrutent-elles moins de jeunes depuis le début de l'année ? Les explications sont d'ordre financier avec en tête la suppression de la prime de 1.000 € pour l'embauche d'apprentis et la réduction du crédit d'impôt accordé aux entreprises qui justifient la présence d'apprentis dans leur effectif.
Propositions de l'ANDRH sur l'emploi des jeunes et l'alternance
Il y a urgence à considérer l'alternance comme un tremplin pour nos jeunes. Alors pour ceux qui s'intéressent à minima au sujet, sachez que l'ANDRH, en partenariat avec Inergie, a réalisé début 2014 une enquête auprès d'un panel de DRH sur l'emploi des jeunes et l'alternance. Suite à cette enquête et à plusieurs groupes de travail, l'association propose dans un livret les résultats de cette enquête et les propositions des DRH pour relancer l'apprentissage en France.
Les trois constats majeurs sont :
- "l'emploi des jeunes est un enjeu pour 2 entreprises sur 3 : 54% des entreprises déclarent vouloir augmenter la part d'alternants
- le manque de candidats sur les métiers en tension (400.000 postes non pourvus) constitue une difficulté majeure, notamment au sein des filières techniques ou dites de production
- la complexité administrative des dispositifs fait l'unanimité contre elle".
Face à ces constats, les propositions d'actions concernent plusieurs domaines :
- développer la collaboration entre le monde de l'entreprise et l'enseignement afin d'établir un véritable et durable co-développement
- inscrire dans le cursus de formation initiale des enseignants, puis le renouveler tous les 5 ans, un stage obligatoire en entreprise
- trouver d'autres alternatives pour stimuler l'alternance et simplifier les dispositions d'alternance en fusionnant les contrats existants
- simplifier juridiquement les contrats, notamment en cas de rupture
- affecter un pourcentage du 1% logement aux jeunes en alternance afin qu'ils puissent louer un logement à proximité de leur entreprise
- financer un tiers du permis de conduire des jeunes qui suivent un cursus en alternance
- Le rôle du tuteur doit être valorisé. L'un des points de convergence pour l'ensemble des DRH présents et des partenaires sociaux invités est l'importance du tuteur dans le processus d'apprentissage. Tous reconnaissent que la réussite du contrat du jeune passe par la confiance qui s'établit entre le jeune et son tuteur. Aussi est-il indispensable de valoriser le rôle du tuteur et son investissement. Un salarié plus expérimenté qui s'engage dans la formation d'un jeune doit être formé, reconnu et surtout rémunéré pour son travail.
Exemple chez McDonald's, premier employeur de jeunes en France
Au cours de ces assises, le débat a été enrichi par des témoignages d'entreprises qui recrutent régulièrement des jeunes salariés, dont celui de Monsieur Hubert Mongon, Vice-Président Ressources Humaines de McDonalds France. McDonald's France est l'un des premiers employeurs de jeunes : pour Hubert Mongon, le débat trop souvent entendu et négatif sur les générations X, Y ou Z n'a pas lieu d'être. Bien au contraire, "l'ensemble de ces générations, avec leurs différences et spécificités, enrichissent l'esprit d'équipe de l'entreprise. La diversité est synonyme de richesse et reste un facteur de réussite au sein de McDonald's France". Aussi pour répondre sans cesse aux nouvelles exigences de ces jeunes recrues, l'entreprise modifie-t-elle tous les 3 ans les process de formation et d'intégration.