Masqué et menotté...

Je suis choqué par la diffusion d'un interview d'un homme masqué et menotté présenté comme un membre de l'organisation Daech. Cet homme est probablement un criminel, est-ce que cela justifie l'organisation de ce pseudo entretien avec un homme qui à l'évidence n'est pas libre de ces propos ? Journalisme ou spectacle? @Yves S.

LA REPONSE D'ETIENNE LEENHARDT, REDACTEUR EN CHEF DU SERVICE "ENQUÊTE ET RE¨PORTAGES"
« Pour protéger nos sources, je ne peux pas tout vous dire sur la façon dont on a obtenu cette interview. Simplement, cela fait des mois que nos différentes équipes qui se rendent sur le terrain irako-syrien essaient de rencontrer des personnes qui ont quitté la France. Elles sont plusieurs centaines. Ce sont des négociations de longue haleine.
Cette semaine, nos contacts ont rendu possible un rendez-vous avec cet homme. L’interview en tant que telle a duré une heure trente, deux heures. On a choisi pour le JT d’en garder cinq, six minutes.
L’homme n’est pas détenu à l’endroit où a eu lieu l’interview. Il est détenu à plusieurs heures de là. Evidemment, il est présenté sous un pseudonyme, et il a été consulté sur la possibilité de réaliser cette interview ou pas. Elle ne l’est pas sous la contrainte. C’est le préalable fondamental. Je préfère le préciser.
Enfin, c’est lui-même qui a demandé à ne pas être identifié physiquement. Les Kurdes ont donc proposé qu’il ait un bandeau sur les yeux. On aurait pu demander à ce que le bandeau soit enlevé et que nous floutions, nous, à Paris, son visage. Ce qui aurait donné une image un peu différente. Mais les Kurdes n’ont pas voulu de cette solution-là, incertaine pour eux. C’est précisé au début du reportage [“Vous ne verrez pas son visage pour des raisons de sécurité”, ndlr].
Je reconnais que cette séquence peut dégager une forme de violence. Certains téléspectateurs considèrent qu’on ne doit même pas donner la parole à ce genre d’individu. Moi, je considère que les choses, sur le plan déontologique, ont été faites de façon tout à fait professionnelle. Cet homme lance un appel à la France pour y être jugé par la justice française. J’ajoute que nous avons évidemment fait un travail de vérification sur les affirmations de cette personne et sur son parcours avant de diffuser quoi que ce soit. » (déclaration faite au journal Télérama".