QUESTION: (...) Pourquoi l'émission "Cash Investigations" n'est-elle pas programmée plus régulièrement.Y-a-t-il des tentatives de censurer cette émission? @Jérôme R.
RÉPONSE: Cette émission demande des temps d'enquêtes et de réalisation très longs et très variables. L'exigence journalistique de cette émission interdit de mettre à l'antenne une enquête qui ne soit pas parfaitement "bouclée". Impossible donc d' imposer une périodicité.
"Cash Investigation" va chercher, et révèle, des informations qui en général sont cachées au grand public. Il est évident que les sources qui ont organisé ce secret ne voient pas d'un bon œil sa divulgation. Les lobbies de tous poils s'agitent pour empêcher le travail d'investigation des journalistes et tentent d'ériger le "secret industriel" en mur infranchissable, en limite au delà de laquelle la liberté de l'information n'existe plus. Une tentative à eu lieu au Parlement français mais à échouée. L'offensive se poursuit maintenant a l'échelon européen: une directive déjà adoptée en commission au parlement européen mardi 16 juin permettrait aux entreprises de décider elles-mêmes ce qui relève du secret des affaires.
Comme l'explique Elise Lucet: "les juges saisis se transformeraient en rédacteurs en chef qui décideraient de l'intérêt ou non d'une information. Et ce sont encore les entreprises qui détermineraient leur préjudice éventuel et leurs propres dommages et intérêts, qui se chiffreraient sans doute en millions d'euros ! On marche sur la tête. Je comprends que les entreprises aient envie de protéger leurs secrets industriels. Mais là, ça va vraiment trop loin. Selon la Commission, c'est pour mieux protéger les PME ... Vaste blague. Vous avez vu les entreprises qu'elle a consultées pour la rédaction du texte ? Alstom, Air Liquide, Général Electric, Michelin, Nestlé, Safran... Pas vraiment des PME ! Les entreprises auraient même la possibilité d'agir en justice avant diffusion, vous vous rendez compte ! Ce serait autoriser une censure inédite en Europe. Et son corollaire, peut-être encore plus dangereux et pervers pour les journalistes : l'autocensure. Avec une telle épée de Damoclès au-dessus d'eux, les lanceurs d'alerte n'auront plus envie de parler. Déjà que ce n'est pas facile... On nous met un pistolet sur la tempe, l'information est en grand danger".
Avec la directive secret des affaires, le public n'aurait jamais entendu parler du scandale financier de Luxleaks, des pesticides de Monsanto ou encore du scandale du vaccin Gardasil...
Il existe déjà des lois qui encadrent l'exercice journalistique, et c'est une chose normale, mais cette directive européenne permettrait aux entreprises de dicter l'information. Cela est inconcevable.