Les mots pour le dire...

QUESTION : Je viens d'entendre votre journaliste dire que  "le gouvernement a pour objectif d’empêcher le départ de nouveaux candidats à la guerre sainte". Je voulais signaler, ou rappeler que ce qui se passe en Syrie n'est  ni djihad, ni guerre sainte. En confondant ainsi, on contribue à la propagande de l'état islamique. @Ousmane F.

REPONSE : Le poids des mots c’est le choc des idées.  Les islamistes l’ont bien compris, les téléspectateurs aussi. Plus que jamais vous réagissez lorsque vous estimez qu’un mot est mal employé et surtout qu’il masque des intentions et des actes très différents du sens commun du mot employé.

Ainsi l’utilisation des termes « djihad » et « djihadiste ». "Je pense que les médias ne devraient pas utiliser les mots "djihad" et "djihadistes", mais uniquement les mots "guerre" et "terroristes". En effet, utiliser les mots djihad et djihadistes est déjà une forme de reconnaissance et de diffusion de cette "idéologie", de ce fanatisme intolérable » écrit Pierre V.

Daniel L. trouve « déplacé et à portée contraire d’utiliser le terme Jihad. En effet comme pour les chrétiens qui ont eu leurs croisades et leurs pèlerinages, ce terme a initialement une connotation noble, ce qui ne peut que renforcer le désir pour certains esprits de s'engager dans cette voie ».

A chaque fois que vous parlez de Jihad ou de Jihadistes vous contribuez à faire croire aux esprits faibles que ce devoir religieux consiste à massacrer ceux qui pensent différemment. C’est vraiment faire le jeu de ces allumés!" conclut Ahmed A.

Faut-il qualifier ces « djihadistes »  de terroristes ou d’assassin ? Le sujet est régulièrement abordé dans vos courriels. Les avis exprimés  sont très nets : seul le terme d’assassin reflète les exactions de ces groupes.

"Pendant la seconde guerre mondiale, les nazis appelaient les résistants, des terroristes. Je ne peux m’empêcher d’y penser lorsque vous parlez des terroristes islamistes. Ne serait-il pas préférable de parler de meurtriers ou d’assassins?"@Claude-Michel W.

"Combien de révolutionnaires, de résistants, ont été traités de terroristes par les pouvoirs en place? En mémoire de ces hommes et femmes courageux, je trouve qu’on devrait éviter d’utiliser ce qualificatif "(…) Marine A.

Le débat n’est pas clos mais il est intéressant de  noter que les journalistes du service arabophone de la BBC ont choisi de ne pas qualifier de terroristes les tueurs de « Charlie Hebdo ». Ce terme « est trop politiquement connoté et trop flou" estiment nos confrères. De même François Jost, universitaire analyste des médias, souligne que « le mot terrorisme contient en lui-même un point de vue : il décrit un attentat du point de vue de ceux qui en sont potentiellement victimes et qui, donc, craignent les actes de violences et le climat d’insécurité ». Et il conclu : « c’est sans doute la seule raison qui me pousserait à refuser de l’employer : parcequ’il prouve à ceux qui commettent des attentats qu’ils ont réussi à nous faire peur ».