Le père et le fils ...

 

QUESTION: Je suis scandalisée après avoir suivi la diffusion d'un reportage  traitant d'un syndicaliste dont le fils ...s'est inscrit au FN. En suivant ce reportage, en écoutant les questions posées sur un ton de circonstance, j'ai d'abord cru que le fils de cet homme était parti faire le jihad. Est-ce que ce fait valait de passer au journal télévisé? Ce cas est-il unique? Est-ce un crime que de s'inscrire au FN même quand on a un père syndicaliste? Cette attitude est ridicule et déshonore votre métier. @Gisèle D.

 REPONSE: Pour la rédaction en chef du 20h, il n’y avait bien entendu aucune volonté de manipuler qui que ce soit mais de livrer un témoignage et, sans en cautionner le contenu, provoquer la réflexion.

Ce reportage a, en effet, fait réagir! La diffusion à peine finie dans le 20H d’hier soir, la messagerie de la médiation s’engorgeait de courriels très critiques sur ce  témoignage d’un père syndicaliste déplorant l’engagement de son fils au Front National.  « Qui voulez-vous servir par ce témoignage tendancieux? Vous auriez pu inclure tous les cas de divergences d'opinion, politiques comme religieuses... Et ouvrir la réflexion sur la difficulté réciproque de ne pas se reconnaître au travers de ses enfants, ou de ses parents », écrit Jacqueline V.

« Comment pouvez-vous oser présenter en l'espace de deux minutes un reportage sur l'homme jordanien qui a été sauvagement tué, faire un focus sur son père, puis 30 secondes plus tard nous présenter un témoignage sous le ton de l'émotion d'un père ayant "perdu son fils", je cite, car ce dernier serait membre du FN » demande Constance C. qui ajoute : « est ce une blague des journalistes? Ou vit-on réellement dans un monde d'ignorants où l'on est prêt à comparer la mort d'un homme en martyre  avec un français  qui « pleure » un choix politique différent du sien. Cette "maladresse" est totalement déplacée voire dégueulasse ».

Pour Antoine G. « les plans sur les mains du père pour montrer sa colère et son désarroi ainsi que la musique douce digne d'un téléfilm américain cherchant à nous émouvoir en disent long sur l'objectivité et la profondeur de ce dit reportage. Étant une chaîne publique, il est choquant que les informations montrent un tel parti pris, affichant le FN ou tout autre parti comme un fléau. Le père parle comme s'il avait perdu un proche dans un drame. Ce reportage ressemblait étrangement à ceux sur un individu ayant perdu un proche au radicalisme religieux en Syrie.

Plus sévères encore ces téléspectateurs qui font le lien avec les principes rappelés lors de l’attentat contre Charlie Hebdo. Ainsi Marie P. qui écrit : « Votre reportage est honteux pour la liberté de penser et du droit de vote. Vous vous dites tous Charlie, mais restez des journalistes sectaires ». Pour Guy H. « cette mise en scène est insultante pour près de 30 pour cent d'électeurs. C'est aussi un rejet de la liberté d'expression tant vantée par les médias le 11 janvier. Jusqu'à présent le FN n'a pas fait de coup d'état, ni d'attentat. ». Idée reprise par Marcel V. qui la résume : « La tolérance Charlie est vraiment loin ».